« Ce qui reste, les poètes le fondent » clamait, on s’en souvient, Hölderlin en des termes confiants mais hagards. Nul doute qu’un tel vers, qui se propose d’œuvrer à ce qui demeure contre toutes les destructions, pourrait servir d’exergue lumineuse à une exploration des périphéries qui circonscrivent la ville.
éditions Light Motiv
« Tant que la tête n’est pas coupée, elle a espoir de porter le chapeau » (« Toutan tèt poko koupe, li espere pote chapo ») : c’est sur ce proverbe haïtien que s’ouvre le livre de photographies de Corentin Fohlen, publié le mois dernier aux éditions Light Motiv et sobrement intitulé : Haïti, nom immédiatement évocateur, pourtant opaque tant la réalité du lieu est masquée par une multitude de discours et informations, par la date du 12 janvier 2010 et un certain nombre de récits qui aplatissent la complexité d’un lieu, d’une culture. Raison pour laquelle le photoreporter Corentin Fohlen a voulu exposer autrement « cet étrange pays étranger », « mon pays », comme l’écrit James Noël en préface.
Naoya Hatakeyama est un photographe japonais dont les travaux sont publiés par les éditions Light Motiv, de Terrils (2011), ces « montagnes tombées du ciel » des bassins miniers du Nord de la France, à Rikuzentakata (2016), en passant par Kensengawa (2013), ces deux derniers livres centrés sur sa région natale, dévastée par un tsunami le 11 mars 2011. Naoya Hateyama est un photographe de paysages en tant qu’archives d’histoires humaines, palimpsestes de vies, des « natural stories », pour reprendre le titre donné à la rétrospective de son œuvre en 2012, passée par Tokyo, Marseille, Amsterdam et San Francisco.
Entrer dans les coulisses d’un musée — le Muséum-Aquarium de Nancy — et en dresser une forme d’Inventaire photographique : tel est le projet d’Arno Paul dans un livre que viennent de publier les éditions Light Motiv. Le photographe explique combien ce lieu est pour lui chargé de souvenirs d’enfance, les poissons des aquariums, les animaux naturalisés, les bocaux gravés dans son imaginaire et sa rétine. C’est cette fascination qu’il retrouve dans ce livre, augmentée d’un accès à l’envers du décor, les collections à accès protégé, les entrepôts.