Pour le lecteur de bandes dessinées, retrouver régulièrement ses héros, suivre d’album en album les aventures des Largo Winch, Astérix, Spirou, Thorgal, Alix, Michel Vaillant, XIII ou autres Tuniques bleues – la liste n’est bien évidemment pas exhaustive – est bien plus que de retrouver le goût des madeleines d’antan. Qui plus est quand la qualité, le respect de l’héritage ou l’appropriation par les repreneurs augurent d’une continuité dans le changement (et inversement).

L‘époque a rendu la critique exigeante. En lisant certains articles à charge et autres recensions acrimonieuses du 39ème épisode des aventures d’Astérix le Gaulois, on en vient à se demander si l’aventure signée Ferri et Conrad n’est pas victime de ce mal contemporain qu’est le traitement de la culture par le petit bout de la lorgnette du commentaire…

En mettant de côté les jeux de mots faciles qui promettaient une « montée d’Adrénaline » et les rancœurs récurrentes des puristes marris devant l’implacable plan marketing de la machinerie Astérix, proposons une autre lecture de La fille de Vercingétorix, 38e album des aventures du célèbre Gaulois, signé Conrad et Ferri (sous la houlette voire la férule d’Uderzo si l’on en croit les articles lus ici ou sous-entendus ). Un opus empreint d’un sous-texte très ironique, un plaidoyer pour la jeunesse et l’indépendance. 

Astérix et la Transitalique peut s’enorgueillir d’illustrer farpaitement le mot inflation : de 6000 exemplaires pour le tirage initial d’Astérix le Gaulois en 1961 à cinq millions de copies pour la trente-septième aventure, la série imaginée par René Goscinny et Albert Uderzo défie tous les superlatifs. Signé des repreneurs Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, ce 37è Astérix est d’ores et déjà en route pour le succès qui lui était promis. Et vers le Vésuve, puisque après la Calédonie et les arcanes de la presse antique, la destinée de l’irréductible Gaulois est routière et emprunte les vias (mal) pavées (de bonnes intentions).

Nous sommes en 2015 après Jésus-Christ, toute la France est conquise par le nouvel Astérix… Toute ? Non ! Des irréductibles résistent encore et toujours. Et la vie du lecteur n’est pas facile au milieu des avis et camps tranchés des Adlibitum, Paroldum et Ilestbiencenouveautum. Chronique « pour et contre » du Papyrus de César, 36ème aventure d’Astérix par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.