Olivier Gloag offre au lecteur curieux d’une autre entrée dans l’univers camusien, un essai tonique et stimulant. L’approche en est multiple, à la fois historique, biographique, politique mais aussi soucieuse de l’analyse des textes. Associate Professor à l’Université de Caroline du Nord à Asheville, il a précédemment publié, en 2020 à Oxford University Press, Albert Camus, a very short introduction. Cet essai est édité par La Fabrique dont on sait le choix fait d’essais engagés, « ancrés politiquement à gauche de la gauche, mais sans céder à aucun esprit de chapelle, sans être inféodés à aucun groupe ni parti », selon la déclaration, en 2004, d’Eric Hazan, fondateur de l’édition.
Albert Camus
Si l’humanisme d’Albert Camus pouvait parfois paraître solennel (je le serai moi-même ici) et officiant, il n’avait pourtant rien d’une posture pour cérémonies. Aussi éloigné du cynisme que de la candeur, fondé sur un « goût violent de la justice », empreint d’une noblesse combative, l’humanisme de Camus refusait à la fois le confort des radicalismes mondains, les catéchismes révolutionnaires et le secours des horizons surnaturels.
pour Émilie et Loïc
On aimerait, mais il s’agit d’un vœu pieux, que la philosophie ne nous arrive jamais sous sa forme dégradée ou désamorcée. Or, tout se passe trop souvent comme si la pensée tendait à être intégrée, à l’image de toute chose, au spectacle et à sa glaçante ironie. À commencer par Le Mythe de Sisyphe (1942) d’Albert Camus.
La correspondance privée des écrivains a mauvaise presse, tant auprès des éditeurs qui la considèrent, en général, comme peu rentable commercialement, qu’aux yeux du grand public qui n’y voit, au mieux qu’un intérêt anecdotique très relatif, au pire comme une sorte de voyeurisme douteux.
La publication, à intervalles réguliers, par les éditions Gallimard, d’une série de correspondances entre Albert Camus et des destinataires du monde intellectuel, journalistique ou éditorial, complète très heureusement les excellentes biographies publiées à ce jour. Cependant, il est encore temps de mieux connaître le Camus des années 30 en Algérie, alors qu’il n’est qu’un simple membre d’un groupe d’amis algérois, avant de connaître le succès avec la publication de L’Étranger, en mai 1942, et la gloire au moment du Prix Nobel, en 1957.
Pour les moins endurants à 1300 pages de lettres… et qui ont une certaine curiosité pour la relation amoureuse d’Albert Camus et Maria Casarès, le roman de Florence M.-Forsythe, Tu me vertiges (Le Passeur, 2017) vient de paraître en collection de poche en 2018…
La correspondance privée des écrivains a mauvaise presse, tant auprès des éditeurs qui la considèrent, en général, comme peu rentable commercialement, qu’aux yeux du grand public qui n’y voit, au mieux qu’un intérêt anecdotique très relatif, au pire comme une sorte de voyeurisme douteux.
Dans les pas de Camus: Jacques Ferrandez, Michel Thouillot et Magali Hack, Marc Dugain, Alain Ruscio
Dans un article du 15 mars 2017, j’interrogeais la citation de Camus mise à toutes les sauces avec un à-propos plus ou moins justifié et essentiellement comme caution morale et idéologique pour « parrainer » le positionnement de l’utilisateur. Il serait aisé de trouver chaque année un autre secteur de lectures camusiennes, mieux informé sur les textes de l’écrivain, mais s’inscrivant aussi dans la lecture d’admiration.
Il suffit d’être un peu attentif pour entendre le nom de Camus dans la bouche de tout un chacun, comme si évoquer son nom ou une de ses phrases – prise au hasard dans un site de citations ou de vagues souvenirs scolaires –, conférait un label de crédibilité. Les hommes politiques, quelle que soit leur couleur, en sont friands et il est évident que je n’ai ni l’intention ni la possibilité de tout recenser mais plutôt de pointer un phénomène qui, selon son humeur du jour, irrite ou fait sourire, et en tout état de cause, plonge le nom de Camus dans le « politiquement correct ».
2017 marque le centenaire de la mort d’Octave Mirbeau. De nombreux événements ponctueront cet anniversaire. Entretien avec Pierre Michel, président de la Société Octave Mirbeau et spécialiste de l’écrivain.