Le 13 février 2022, j’annonçai mon ralliement aux anti-Tampax, aux anti-Anthrax, aux pro Gérard Majax, aux Amis de Mad Max et proclamai mon allégeance à l’État diasporique du Salut par les fièvres.
Je me souviens qu’il faisait étonnement chaud pour un mois de février.
Le même jour, je signai la pétition contre les coiffures indo-européennes et les bustes afro-irlandais.
J’allai prier place des apories afin que mon âme gagnât le paradis fiscal mais il y eut un raté. J’en ignore les causes. J’ordonnai des recherches.
Je déclarai illégale toute discussion autour du national-socialisme dans l’œuvre de Martin Heidegger.
Dans les jours qui suivirent, je me sentis de nouveau particulièrement motivé.
Je rompis tout lien avec la fédération des parents d’élèves inappropriés.
Je signai la Charte des remontada du monde symbiotique. On me mit pour ce faire un bandeau sur les yeux qui s’autodétruisit dès ma signature apposée.
Je me saoulai au gin tonic pour fêter l’évènement.
J’interdis l’alcool et toute discussion autour du sujet. Je fis fusiller les opposants les moins voyants. Ceci me valut la reconnaissance des médias interdépendants.
Dont je purgeai les actionnariats le lendemain, conscient de leur double jeu.
Je proclamai l’indépendance des cerveaux de fœtus dans la péninsule arabique et la Scandinavie ouest. La mesure suscita l’estime des chancelleries.
Je proclamai l’égalité du tout et du rien.
La mesure suscita l’estime des milieux autorisés.
Le 18, je rétablis par décret l’insignifiance dans sa dignité.
Le 19, j’enclenchai l’impôt factice sur les transactions financières.
Les experts n’y virent que du feu.
Je rachetai plusieurs élevages d’algues vertes à l’ancien directeur général de l’amiante.
Les clauses 124 et 217 du contrat devant rester confidentielles, je fis décapiter ce dernier par les services secrets inuits.
Je pleurai la mort de cet ami.
Je renouvelai mon abonnement à la compagnie des porte-jarretelles. Peut-être en signe de deuil.
J’envahis la Meuse Côte d’azur. Et le comté de Yoknapatawpha afin d’y mener des séminaires d’épuration.
Je passai à l’agence du Crédit Unilatéral pour y faire valoir mes droits. Je décidai sa nationalisation, suscitant l’estime des syndicats. Et l’affolement des marchés. Tout était sous contrôle, affolement et syndicats compris.
Début mars je me reposai un peu.
Je me rendis aux obsèques de Barack Obama dans l’avion du cheik Ynrur Inradvisson, un bouddhiste pas bégueule. Nous fîmes ensuite la tournée des décideurs.
D’avril à septembre, je refusai toute interview. Se faire désirer.
Je me sentais résolu et vide. J’atteignais la paix et l’indifférence. J’étais un sacré petit roublard au service de mes instincts. Comme tout le monde.
Octobre vint, émondeur de je ne sais plus trop quoi. Je lançai l’offensive.
Je récusai mes alliés de la droite indépendante souverainiste afin de rallier des suffrages sur le flanc droit de la gauche inclusive mondialiste Gucci/LVMH. Je dis du bien de la démocratie, tout ça.
Je rétablis l’alcool.
Je renouai avec la fédération des apprenants qui voulaient qu’on les consulte.
Ça ne mange pas de pain.
Le 6 novembre, non sans avoir fait dûment vérifier l’absence de caméra, je me masturbai trois fois la même matinée dans les toilettes de mon quartier général.
Le 7, je promulguai l’obsolescence du langage. Je signai l’arrêté officialisant l’usage exclusif des borborygmes respectueux dans la fonction publique et les entreprises. Des émeutes de soutien me soutinrent.
J’allais de l’avant.
Le mépris est toujours récompensé, dis-je à ma fidèle conseillère, Marcella Hérodiade, qui venait de quitter avec déontologie la chaîne de divertissement intelligent pour m’épauler à plein temps.
Nous nous trouvions au dernier étage de la tour du bonheur sans verbe, mon QG, lorsque nous vîmes, à travers les baies vitrées, les nuages s’écarter devant les immenses pieuvres pourpres.
Marcella émit un hurlement sans bruit.