Tu t’en souviens son nom était Saïd ?

Cette nuit ou après-midi je pleus, fouettant les rayons chromés des bicyclettes le long des autoroutes

Goudronnées les terres aux abords de ville transformant asphalte ou blockhaus

Grosses gouttes denses sans discontinuer –

Alliance de la bouche et de l’eau peut-être

Comme à Beyrouth en 1982 les bouches étaient des trous

Je : semble avoir changé – peut-être – mais c’est bien plus tard qu’il mettra des mots sur ce changement

Oui,

Je entendait parler partout

Verbes mais sans la chair d’un corps autour

Trous dans la terre privés de stèles

 

Parfois la nuit je est une flamme, un feu ou des pierres

La cendre en un éclair a brûlé son visage

Tu t’en souviens son nom était Saïd ?

 

Qui parle qui

Autrefois arrivait de la gare à l’aube traversait le centre-ville sur la zone des dunes – je ?

Semble en effet avoir disparu –

Je ? L’histoire ?

Loin

Un jour, brouillard

Je ailleurs creusera ce mot,

Les silhouettes errantes, les passages, comme sa bouche la lune absente

 

Alors que la pluie depuis de longues heures – le vent, la mer

Et que l’usine sur le bord de la route

Et que les larmes coulent sur ses joues

Et son histoire

Et lui-même aujourd’hui l’hiver dehors

Continuent à vivre

 

Je : marcher ville aujourd’hui premier jour de beau temps – feu arbres soleil

Le soir venu ou un autre jour est aujourd’hui

Seules sa tête et sa bouche répondent

Oui, nuit est jour, feu arbres soleil

Des morceaux de feu

Nuit et jour

Sont parlés

Du feu des silhouettes et du vent

Auprès du feu et la pluie

Près du feu là-bas

Loin de là et les dunes

Dans les branches d’un arbre le soir tombe

Je :