Ne cherchez pas The Parisianer dans un kiosque : le projet graphique collectif prend la forme d’un journal fictionnel, aux unes en hommage au grand aîné bien réel américain, The New Yorker.
Un livre, aux éditions 10/18, rassemble 53 couvertures imaginant notre monde en 2050 en un panorama qui obéit à la double perspective de toute uchronie, fictive et critique.
Comment vivrons-nous en 2050, dans quel monde ? Des artistes et graphistes répondent à cet im-possible, imaginant d’hypothétiques mutations pour mieux interroger notre présent.
Arnaud Dauptain espère une ville multiculturelle et polyphonique, l’humanité ayant enfin compris la richesse des migrations et aboli les frontières géographiques comme politiques. C’est aussi l’image retenue, versant technologie, par Ensaders avec son Temple Wifi, « lieu des partages sans limites ».
Imaginer Paris au futur n’est pas nouveau, la une de Lionel Serre, puisée dans les visions rétro-futuristes des années 50-60, le montre. Se projeter en 2050, c’est un à venir depuis hier et aujourd’hui. Certains imaginent un déploiement vertical, d’autres vers le ciel (des tours), d’autres encore dans les profondeurs de la terre ou sous les mers, en raison des changements climatiques.

De une en une, à travers les textes qui les accompagnent et les citations d’écrivains et théoriciens en regard, c’est à la fois un immense espoir et une peur qui se disent comme le recto et le verso de notre rapport ancestral à tout futur. C’est dans le présent comme espace écartelé entre passé et à venir à construire que s’édifie notre imaginaire des temps. Comme l’écrivait Katsuhiro Otomo dans Akira (1988), « l’avenir n’est pas une ligne droite. Il foisonne de carrefours. Il doit exister un avenir que nous pouvons choisir pour nous-mêmes ».
Est-ce que les perruches remplaceront les pigeons dans la capitale ? Est-ce que des phoques prendront le soleil sur les quais ? Est-ce que l’humanité, victime de sa folie auto-destructrice, vivra 20000 lieues sous les mers ? Y aura-t-il un Objectif lune depuis le toit du Centre Pompidou ? des éoliennes sur celui du Moulin Rouge ? Et quels seront les artistes de demain, comme le demande si justement Erwann Surcouf, « le prochain Toulouse-Lautrec, la prochaine Goulue, le prochain Valentin le Désossé, la prochaine Jane Avril » ? Belle manière de rappeler que nos imaginaires se construisent dans et par l’art, écho comme projection de nos fictions et représentations.
The Parisianer 2050, collectif, éditions 10/18, novembre 2017, 152 p., 18 € 90
