November 28, 2014 (Fifty-Three Days, journaux américains, 41)

© Franck Gérard. Avec le soutien de l'Institut Français et de la ville de Nantes

LOS ANGELES /fifteenth day

La fatigue de la marche, de la conduite commence à se diluer en moi. Je ne sais pas combien de miles j’ai parcouru en marchant ; je dirai au moins 100 en deux semaines. J’ai du mal à écrire ce soir. Peut-être est-ce dû au fait que, enfin, je n’ai pas grand-chose à raconter ; ça, c’est une bonne nouvelle.

J’ai juste roulé, un peu au hasard de la ville. De moins en moins besoin du GPS, sauf pour une adresse précise. Il me dit de prendre la One Ten mais je prends la One Thirty-four pour rejoindre la One O One. Je sors à Woodland Hill, traverse le Topanga canyon Blvd. Topanga est un village étonnant ; une espèce de havre, une communauté, un peu bab. Des maisons à flanc de colline, attachées sur la roche ; quelquefois on se demande comment ça tient ; on pense à eux lorsque le Big One arrivera. Et puis au bout du Canyon, évidemment, s’ouvre l’Océan, l’Océan Pacifique. Je longe la côte en direction de l’Ouest pour atterrir à Malibu. Et c’est tout.

Je marche, longeant et écoutant la mer. Je fais trempette ; l’eau est assez froide mais c’est supportable vu la date. Je suis près d’une espèce de petite zone protégée où les oiseaux ont l’air de se plaire. C’est un grand plaisir de voir les pélicans. Coucher de soleil sur le Pacifique ; mon deuxième… C’est toujours une expérience haletante.

Quelques rencontres ; Eva, allemande qui parle français, et ses filles ; un ou deux échanges. Je fais attention à ne surtout pas prendre d’image de femmes en maillot de bain ou encore pire de jeunes filles. Les hélicoptères de la Police sont là. Je photographie la mer ; j’aime la photographier ; à chaque fois, c’est beau. Cela n’a pas grand intérêt mais ça me fait du bien ; ça me recentre. Je ne fais rien ; rien de spécial : cela a ses vertus de contempler le monde, de regarder à l’intérieur de soi, de se vider la tête. Au loin, à l’Est, Santa Monica, Los Angeles dans le « Fog » de la pollution… Marcher pieds nus sur le sable. S’allonger. Sentir la chaleur du soleil assis sur un rocher alors que la fraicheur du soir tombe. Regarder les surfeurs attrapant la vague. Refaire le plein d’air iodé. Une respiration dans ce voyage. Une journée de calme sur la plage de Malibu.

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