J’ai toujours le sentiment que les histoires sont là, en dehors de nous, dit Marguerite Duras
Qu’elles sont là, dans le monde, qu’elles sont le monde
Et qu’écrire, c’est le passage de l’histoire à travers soi
Le passage de l’écriture, du monde à travers soi
C’est comme capter de l’eau, une rivière
C’est être soi-même de l’eau, une rivière
C’est laisser être les écoulements du monde, ce qui dans le monde s’écoule
C’est laisser s’écouler le monde à travers soi et laisser s’écouler le monde à travers le monde
Laisser s’écouler le silence et les corps et les mots sur la page, à travers le livre
Ce qui veut dire aussi que tout disparaît et devient un désert
Le soleil, la forêt deviennent un désert
Et des traces à la surface du désert, dit Marguerite Duras
Ou la mer
La musique à la surface du désert, à la surface du monde et partout à travers le monde
C’est comme les bruits de Calcutta mais partout à travers le monde
Calcutta, c’est ici aussi bien
Ici et là-bas
C’est comme la mer
C’est comme le livre, ici et là-bas, partout à travers le monde
Un livre écrit par les animaux
Un livre que l’on ne connaîtrait pas mais que l’on écrit, que l’on écrirait
Le monde écrirait le livre
Les animaux écriraient le livre