Demeurait le sentiment océanique, Laurent Deglicourt (Le voyage minuscule 10/22)

© Laurent Deglicourt

Demeurait le sentiment océanique. Béquille ou planche de salut : même dans les pires moments, la nature a toujours été pour toi source de réconfort et d’équilibre. Tu n’idéalises rien, tu laisses la tendre indifférence du monde te remplir et tu retrouves alors des forces. Tu aimes les artistes qui ont su percevoir cela et le restituer. À Berlin, dans cette salle où on peut admirer de très beaux Friedrich, tu es tombé en arrêt devant le bord inférieur gauche de ce tableau et tu l’as photographié sans autre forme de procès, sans réfléchir vraiment au cadrage. C’était cette lisière, la dure limite dorée du cadre qui t’intéressait, et surtout cette branche qui semblait vouloir sortir de la toile, petit fragment de liberté insolente, bribe de peinture japonaise égarée dans l’Allemagne romantique, puissance timide dans la vaste salle du musée à la rigueur toute germanique. Tu as oublié le nom de l’artiste, me dis-tu.

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