La nouvelle est tombée dans la soirée et l’incrédulité générale alors que les décès de Michel Rocard et Elie Wiesel venaient d’être annoncés… On croit d’abord à un hoax, les tweets se succèdent (Thierry Frémaux, La Cinémathèque…), les réseaux sociaux bruissent : le réalisateur américain Michael Cimino est mort le 2 juillet 2016.Réalisateur, scénariste et producteur né à New York en 1939, Michael Cimino a été couronné en 1978 de l’Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur pour son deuxième film, Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter), qui retrace l’histoire de trois amis ouvrier partis combattre au Vietnam. Le film resté dans les mémoires pour une scène de roulette russe d’une intensité dramatique incroyable dressait en creux le portrait d’une Amérique traumatisée par le conflit qui venait de s’achever.
Quatre ans plus tôt, pour sa première réalisation, avec Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot), Michael Cimino avait montré sa capacité à prendre des partis-pris, en s’attaquant au cinéma d’action formaté avec l’histoire de ce gangster (campé par Clint Eastwood) qui travaille au canon de 20 millimètres pour ouvrir les coffre-forts des banques qu’il braque. Jouant avec les codes du genre, le film se transforme peu à peu en road-movie désespéré et l’amitié entre malfrats révèle les failles d’une société (et d’une industrie du cinéma) ô combien manichéenne.
Après Voyage au bout de l’enfer viendront La Porte du paradis (Heaven’s Gate), L’Année du dragon (Year of the Dragon), Le Sicilien (The Sicilian, d’après le roman de Mario Puzo), La Maison des otages (Desperate Hours), The Sunchaser et en 2007, le segment No Translation Needed au sein du film Chacun son cinéma (réalisé à l’occasion des 60 ans du Festival de Cannes).
Entré très vite dans la légende d’Hollywood (qui l’a souvent et longtemps critiqué), Michael Cimino restera à jamais le cinéaste des « voix perdues de l’Amérique » (titre du livre de Jean-Baptiste Thoret, Flammarion, 2013).