Rada Iveković : Pour une Europe des réfugiés (Réfugié-e-s, les jetables)

Rada Iveković rappelle que les réfugiés ont une histoire et que cette histoire est aussi la nôtre, que les conflits meurtriers ou les situations de crise dont ils essaient de se protéger sont aussi les conséquences d’une histoire coloniale, de politiques internationales où l’Europe, entre autres, avance souvent en eaux très troubles. Ce contre quoi les réfugiés cherchent refuge est aussi l’histoire de l’Europe et les intérêts européens.

Le sort indigne et violent qui est réservé aux réfugiés en Europe aujourd’hui est aussi la continuation d’une politique européenne égoïste, plus ou moins directement meurtrière, et la conséquence du refus de la part de l’Europe d’assumer sa propre histoire : « Mais les naufrages d’immigrants potentiels et de voyageurs divers dont nous sommes les spectateurs (…) ne sont plus des exceptions, mais deviennent réguliers, comme une fatalité. Ne sont-ils pas plutôt un sous-produit indissociable et un effet constitutif du processus et d’une certaine politique européenne en lien avec son histoire ? ». Si, occasionnellement, le sort des réfugiés peut provoquer une empathie de la part des peuples européens, voire parfois des gouvernements, celle-ci ne laisse pourtant pas la place à une conscience claire et assumée des causes et responsabilités.

On trouve ici un des axes d’analyse proposés par Rada Iveković : la présence des réfugiés interroge l’Europe, questionne son passé, ses richesses, son pouvoir, ce qu’elle est aujourd’hui. Cette présence questionne de même certaines des valeurs que l’Europe prétend incarner – valeurs qui sont supposées, au sein de l’Europe, être en particulier celles de la France. Les réfugiés ne sont pas seulement des personnes qui sont présentes sur le sol européen et français sans y avoir été invitées, ce sont des personnes dont, de fait, la plus grande part des politiques européennes et françaises ne veulent pas, qui sont parquées dans des camps, qui sont l’objet de discours politiques xénophobes et paranoïaques, qui sont contraintes de risquer sans cesse la violence et la mort pour pouvoir se sauver de situations également violentes et meurtrières. La présence des réfugiés est l’obstacle bien réel contre lequel vient buter le fantasme d’une Europe et d’une France qui seraient différentes des autres auxquels elles ne cessent de s’opposer pour produire d’elles-mêmes une image positive, utile au narcissisme des subjectivités européennes autant qu’elle est nécessaire pour justifier les formes contemporaines d’un impérialisme ou d’une volonté d’hégémonie qui n’ont pas disparu.

Les réfugiés, par leur présence, par la matérialité des conditions de leur « accueil », brisent le miroir dans lequel nous nous regardons obstinément pour mieux oublier les autres et l’histoire qui nous a produits. Pour mieux aussi nous donner bonne conscience dans la poursuite de nos buts égoïstes et dans le commandement du monde – c’est-à-dire l’écrasement des autres – qui tiennent encore lieu de politique étrangère européenne et française. L’abjection des conditions qui sont imposées aux réfugiés est donc révélatrice d’un problème de l’Europe avec elle-même.

Insister sur ce point ne revient pas à oublier le rôle d’autres puissances comme la Russie ou les USA, à minorer les responsabilités des gouvernements locaux, comme en Syrie, ni celles des pouvoirs politiques et financiers locaux, ou encore à méconnaître la violence meurtrière dont est familier tel ou tel gouvernement étranger, comme celui d’Erdoğan en Turquie. Rada Iveković n’a pas pour ambition d’écrire un livre de politique générale qui embrasserait l’ensemble des causes mais d’analyser la façon dont les réfugiés sont appréhendés par les pays dans lesquels ils se réfugient et ce que leur présence, leur traitement révèlent de ces pays, en s’intéressant essentiellement aux pays européens, en particulier l’Allemagne et la France.

De fait, en France, les réfugiés sont traités selon un régime d’exception qui implique que dans leur cas ne s’appliquent pas les droits qui sont supposés être ceux de tout homme. Si depuis quelques mois la France vit à l’heure de l’état d’exception, cet état n’est pas exceptionnel pour les réfugiés dans la mesure où leur condition implique depuis longtemps une suspension des droits habituels les plus élémentaires. L’argument sécuritaire revient sans cesse, sous diverses formes, pour justifier le refus de leur accueil, le refus de toute aide réelle, le refus d’un traitement humain, le confinement dans des camps sans aucune infrastructure, la condamnation à la clandestinité, etc. Le renforcement des contrôles aux frontières, la criminalisation de la solidarité, la présentation du réfugié comme un terroriste potentiel, le sempiternel argument économique viennent renforcer la difficulté, voire l’impossibilité de trouver refuge en France et d’y mener une vie digne.

Ceux qui fuient des situations dans lesquelles leur vie est directement menacée, et qui les fuient en risquant leur vie, rencontrent non une aide, un accueil, mais un refus, un rejet – une gigantesque forteresse discursive, politique, institutionnelle qui leur fait barrage, qui les écrase et les condamne à ne pas exister en tant qu’êtres humains. Les morts eux-mêmes, les noyés de la Méditerranée, ceux qui sont assassinés par les gardes-frontières turcs, ceux qui meurent d’épuisement – personne ne répondra de leur mort, puisque l’exception qui s’applique aux réfugiés implique une très large impunité des États qui intègrent ces morts comme une donnée parmi d’autres, somme toute négligeable. Les États européens, et en première ligne la France, à la fois justifient sous des prétextes divers et nient ces milliers de morts dont il semble qu’ils n’existent pas vraiment, en tout cas qu’ils ne sont pas vraiment importants – que leur vie n’était pas si importante, qu’elle ne doit pas l’être pour nous.

Selon ce point de vue en un sens néocolonial, xénophobe et discriminatoire, le réfugié est exclu des droits humains, exclu par là même de l’humanité. Son statut est celui d’un délinquant en acte, d’un criminel en puissance, d’un danger fortement probable. Sa vie est niée en tant que vie valable, respectable. Il n’est pas une personne mais une chose qui, quelque part, s’enfonce dans les eaux, loin des yeux occidentaux, une cible anonyme pour les armes des gardes-frontières, une ombre qui se faufile entre les camions en partance pour l’Angleterre et qui, parfois, disparaît sous leurs roues sans que rien ne change pour personne. Rien de plus. Et lorsque son existence est prise en compte, elle l’est en tant que problème pour l’Europe, pour la sécurité de l’Europe, ses intérêts, sa survie. Du point de vue européen et français, le problème des réfugiés n’est pas leur condition ou ce qui les conduit à fuir pour chercher refuge : le problème des réfugiés est d’abord et avant tout qu’ils sont un problème pour l’Europe. Et l’Europe traite principalement ce problème d’une façon, au fond, peu surprenante car relativement habituelle, à savoir l’indifférence et la violence.

Les réfugiés en tant que tels sont donc effectivement les révélateurs de l’Europe, de ce que, sous les discours et les masques, derrière les actions altruistes et morales ponctuelles, est l’Europe dans sa politique internationale : un ensemble d’institutions et de politiques autocentrées, appliquant une logique du plus fort, implacable, meurtrière.

Peut-on sérieusement continuer à parler de liberté, d’égalité et de fraternité si celles-ci ne s’appliquent pas à tous et en tout cas pas à eux ? Peut-on encore invoquer les droits de l’homme si certains sont exclus de ces droits comme cela est le cas pour les réfugiés ? S’ils sont exclus de l’humanité du fait de n’être pas européens, français ? Peut-on encore se prévaloir de la défense – voire de l’incarnation – de ces valeurs si les fondements et les conséquences des politiques européennes et françaises actuelles à l’égard des réfugiés impliquent le piétinement de ces valeurs – en supposant qu’elles aient été véritablement, dans l’histoire récente, autre chose qu’un moyen d’autovalorisation, de dépréciation des autres, que le moyen cynique de politiques de domination ?

Si Rada Iveković souligne, dans la logique de l’action très inactive de l’Europe, la quasi absence de solidarité entre les pays européens, la mollesse d’un volontarisme sélectif, l’illégalité de beaucoup de pratiques politiques et policières à l’égard des réfugiés, la multiplication des zones fermées, des frontières à l’intérieur des pays européens parallèle à l’exportation des frontières de l’Europe, etc., c’est pour mieux mettre en évidence l’émergence d’un dispositif à grande échelle qui vise à invisibiliser les réfugiés mais surtout à les placer dans des conditions où la violation des droits peut se pratiquer en toute impunité : « Le cadre européen des droits humains, système protecteur dont l’Europe était si fière, s’effrite et se dégrade. A force d’exceptions, il devient de plus en plus un signifiant vide et formel. Ce ne sont pas seulement les droits civiques et politiques qui sont ainsi refusés aux migrant-e-s et aux réfugié-e-s aujourd’hui – ce qui, d’ailleurs, ne serait pas nouveau, vu que la démocratie n’a jamais été pensée pour tout-e-s –, ce sont les droits humains tout court : le droit à la vie ; le droit à l’intégrité physique et morale ; le droit à l’hygiène et à la santé ; le droit à l’éducation, etc. Autrement dit, les immigrant-e-s et réfugié-e-s sont des humains auxquels les droits humains ne s’appliquent pas ».

« Tout cela n’a rien d’étonnant et pouvait être prévu, ou en tout cas cela fait système avec les valeurs et les choix politiques qui ont été privilégiés dans la construction de l’Europe : la priorité accordée au capital et au marché au dépens du social et d’une responsabilisation de l’Europe vis-à-vis de ses voisins et du reste du monde (…). La déchéance de nationalité, la constitutionnalisation de l’état d’urgence, tout cela est en consonance avec la progression du nouveau racisme (anti-islamisme et antisémitisme inclus) et de la xénophobie décomplexée, avec le renforcement du nationalisme de gauche comme de droite (ce sont les mêmes), avec le retour au machisme grossier et des violences faites aux femmes, avec une attitude anti-intellectuelle fièrement affichée, avec l’offensive contre (et la paranoïa suscitée par) les études de genre, les théories féministes et les études culturelles, avec le déploiement d’un insidieux fascisme social (…), et est, pour finir, en continuité avec les traditions de la France de Vichy et de la période coloniale – ce qui n’est aucunement assumé ». Si l’état actuel des politiques anti-réfugiés en Europe est révélateur d’un rapport à l’histoire de l’Europe qui n’est ni thématisé ni modifié, il est autant le symptôme de ce qui se développe actuellement en Europe, de l’orientation présente d’une Europe qui, sur le plan matériel et psychique, voit la mise en place d’un nationalisme raciste, d’une logique populiste, sexiste, xénophobe, homophobe, etc. – c’est-à-dire d’une logique générale dont le statut réservé aux réfugiés et leur traitement est le signe le plus spectaculaire. C’est aussi en ce sens que les réfugiés révèlent ce qu’est aujourd’hui l’Europe, en tout cas ce qui tend à la constituer de manière de plus en plus prégnante et acceptée : un processus de repli, de production d’identités et de clivages forts, de hiérarchies discriminatoires, de rapports violents, meurtriers, l’indifférence et la mise à mort comme politique, comme mode de vie et de pensée… Comment nommer naissance-biopolcela ? Il semble que l’on y retrouve la logique de ce que Foucault nommait « biopolitique », qui est aussi, comme le montre Achille Mbembe une « nécropolitique » qu’il définit comme un pouvoir de définir ce qui est important et ce qui ne l’est pas, ce qui est jetable et ce qui ne l’est pas. Peut-être que le mot de « fascisme » employé par Rada Iveković donne de façon immédiate une idée de ce qui se passe en Europe, même s’il faudrait en trouver un autre – car l’histoire ne repasse pas les plats – pour désigner les formes émergentes et nouvelles d’une politique pour laquelle la souffrance et la mort de milliers de personnes, sous des formes diverses, n’a pas d’importance, pour laquelle le gestion de la vie passe par la hiérarchisation des droits, par l’exclusion hors du droit pour tous d’une part de l’humanité, exclusion qui équivaut à une condamnation à la souffrance, à la précarité, à la déshumanisation, à être battu, torturé et tué.

RadaCouvSi l’Europe s’est construite en s’inventant un « nous », ce nous, au lieu d’être englobant, n’a pu et ne peut encore émerger, pour l’instant, qu’à partir de l’invention et de l’exclusion d’un « autre » sans cesse renouvelé. La liste est longue des ces « autres » qui traversent l’imaginaire européen, qui structurent les discours politiques européens autant qu’ils orientent l’action des institutions : le Rom, l’Arabe, l’Étranger, le Musulman, le Pauvre, la Femme, etc. Selon Rada Iveković, le Réfugié incarnerait aujourd’hui la nouvelle figure de cette altérité dont se nourrit l’identité européenne – identité excluante, condescendante, mauvaise, volontiers assassine. Rada Iveković remarque comment, à la suite des conflits qui, au cœur de l’Europe, ont dévasté les Balkans, les pays européens, au lieu de s’européaniser, se sont balkanisés : une balkanisation de l’Europe qui va de pair avec les tendances fascisantes qui, autant au niveau macropolitique que local, se diffusent et se durcissent en tenant lieu d’évidences, de lignes directrices, de support pour des subjectivités et des discours toujours plus rigides, clivants, binaires, haineux, excluants. Ce que l’on appelle la « montée des nationalismes », la droitisation des pensées et discours, le caractère décomplexé des conduites et politiques racistes et fascisantes, xénophobes, islamophobes ou homophobes – tout cela accompagne parfaitement la déshumanisation, le rejet et l’abandon à leur sort, voire la production de ce sort, des immigrés et réfugiés. Que dire alors, sinon que l’Europe possible est en train de disparaître pour laisser place à un cauchemar qui ne peut être oublié puisqu’il est notre réalité – qu’il est nous-mêmes ?

De fait, l’Europe a le visage grimaçant d’un pauvre type tremblant de peur, fascisant, baignant dans sa paranoïa, fier de sa haine. L’idée de Rada Iveković n’est pas uniquement que les réfugiés permettent de voir ce visage mais qu’ils permettent d’entrevoir d’autres possibilités, qu’en un sens ils forcent à les penser et en sont déjà la réalisation, « ouvrant ainsi par la force de leur faiblesse l’Europe malgré elle ». Elle désigne par là, en premier lieu, le fait qu’une partie de l’opinion publique, sensible à ce qui est réservé aux réfugiés et migrants, réclame des moyens pour aider ces populations, condamne leur répression, s’organise pour les accueillir et les aider, invente des façons de les sauver – en tout cas certains d’entre eux. La persécution des réfugiés ne se fait pas sans résistance ni condamnation – même si elles sont relatives et minoritaires – de la part d’une partie des populations européennes qui se réclame d’autres valeurs, invente des façons d’entrer en relation et de penser cet « autre » avec qui créer une communauté et du commun. Mais Rada Iveković souligne aussi le fait que les réfugiés, par leur présence effective, matérielle, par le fait qu’ils font irruption dans l’espace physique et mental européen, obligent l’Europe à connaître ce qu’elle a tendance à ignorer, à savoir un destin commun avec d’autres qu’elle n’a pas choisis, qu’elle n’a pas voulus, selon des modalités qu’elle n’a pas décidées. Au cœur de l’Europe qui exclut, les réfugiés imposent la nécessité d’une communauté, d’un rapport et d’un être-ensemble salvateur ou en tout cas porteur, à titre de possibilité, de changements qui peuvent faire abandonner à l’Europe son masque hideux. Les réfugiés tracent la possibilité d’un nouveau chemin pour l’Europe, ils créent un carrefour et de nouvelles directions qui ne peuvent qu’être choisies si l’Europe veut avoir un sens au lieu de poursuivre son entreprise mortifère, assassine autant pour les autres que pour soi.

C’est en acceptant et en voulant ce décentrement que l’Europe peut vivre et signifier quelque chose. Ce n’est qu’à la condition de repenser et reconstruire le « nous » qu’elle peut espérer devenir autre chose qu’une entreprise de mort. Le présupposé de cette représentation des possibilités de l’Europe est qu’une Nation est à construire, qu’elle n’est pas un donné immédiat, évident, mais qu’elle est à inventer et à créer. Il en est de même pour l’Europe : celle-ci n’existe pas, et n’existe jamais, avant d’être créée. Ce qui prévaut ici est un constructivisme autant politique que subjectif. Et il est évident que l’idée d’un fondement historique qui s’imposerait à l’Europe et en définirait l’identité a priori n’a ici plus de sens, pas plus que l’idée de « racines chrétiennes », d’esprit transhistorique, voire de nature, de destin vaguement métaphysique.

Une des conséquences impliquées par le livre de Rada Iveković est la nécessité de penser la possibilité d’une communauté sans fondement a priori, une communauté de différences productrice d’un commun à inventer, sans point de vue totalisant, étouffant : « Dans la nouvelle configuration du monde globalisé, l’évidence de la fragmentation et de la diversification parfois intraduisible du côté du sujet – des sujets – s’impose. Des figures parallèles, entrecroisées, contradictoires, parfois incompossibles, se font jour en place des sujets uniques des époques précédentes (…). La nouvelle complexité obligera tous à des coopérations et solidarités neuves (…). Émergent des figures provisoires de sujets politiques transitoires et flottants, prêts à se métamorphoser en se joignant aux autres ». On ne lira pas ici la profession de foi d’un nouveau relativisme pour lequel tout se vaudrait et pourrait coexister – nouvelle occasion de nier ou relativiser toute valeur comme le pratiquent déjà le cynisme néolibéral autant que les politiques destructrices actuelles. Si l’Europe reconnait la nécessité, pour elle et les autres qu’elle est amenée à accueillir, de construire une nouvelle communauté, celle-ci ne peut exister qu’en excluant ce qui empêche cette nouvelle forme de communauté, à savoir tout point de vue hégémonique, toute hiérarchisation des existences et modes d’existence. Cette nouvelle forme de communauté est antifasciste et antinéolibérale par définition, ne pouvant fonctionner que par des rapports dans lesquels l’autre n’est jamais l’exclu mais est toujours au centre. C’est cette place centrale de l’autre que les réfugiés et les migrants – Rada Iveković refuse, et elle a raison, de différencier les deux – forcent à reconnaître, qu’ils font surgir de manière neuve, comme leur présence appelle à la réinvention des formes de relation, à la reformulation de l’idée de « contrat », à l’écriture de nouveaux récits collectifs.

Ce que les réfugiés rendent urgent est l’idée d’un nouveau sujet politique, sujet absent, manquant, mais dont l’absence et le manque deviennent évidents par la situation qui est celle des réfugiés aujourd’hui en Europe. Ce que les réfugiés, du fond de leur détresse, de la condition indigne et invivable qui leur est imposée, réclament pour tous, est l’invention d’une nouvelle subjectivité non fasciste, d’un nouveau sujet collectif, pluriel, autant politique que psychique, d’une nouvelle forme de communauté sans identité prévalente et fixe – une nouvelle façon politique, affective, intellectuelle, éthique, d’être au monde. Ce que les réfugiés rendent évident, c’est que ne pas s’engager dans cette voie signifie la mort.


Rada Iveković, Réfugié-e-s : les jetables, éditions Al Dante, 2016, 88 pages, 13 €.