« Montage, mon beau souci », écrivait Godard avant qu’il ne soit Godard. Débutant sur le récit d’un rêve étrange, comme un long travelling, Impossibles adieux donne au montage toute son importance, tant la répétition de motifs récurrents y est prégnante.
Littérature
Magnétique : tel est le mot qui caractérise le nouveau et formidable recueil poétique de Sandra Moussempès, Fréquence Mulholland qui paraît ces jours-ci aux toujours impeccables éditions MF.
Se présentant comme la répétition frénétique d’un « je » voué à la superficialité, dont l’idéal est l’image pure et l’immatérialité, le premier livre en solo de Pascale Bérubé déploie, au fur et à mesure des textes qui le composent, une écriture haletante, vibratoire, une écriture des tremblements.
Quand on connaît l’œuvre d’Ananda Devi, qu’on a lu Indian Tango, Le Rire des déesses, Pagli, qui vient de sortir en poche, ou Le Sari vert, pour ne citer que ceux-là, on sait que son nouveau roman sera inévitablement l’un de ceux à ne pas manquer, ce que Le jour des caméléons confirme.
Kathryn Scanlan’s book is the story of a life, of the singularity of a life – the story of a world, of a desire that circulates in this world. It is also a unique book in terms of its writing and stylistic choices. Interview with the author.
Benoît Casas écrit des livres de poésie tout en menant un travail éditorial, de traduction et photographique. Après L’ordre du jour (2013), Annonce, avec Luc Bénazet (2015), L’agenda de l’écrit (2017), Benoît Casas fait paraître deux ensembles poétiques : Précisions et Combine, livres du montage et de lecture.
Le livre de Kathryn Scanlan est le récit d’une vie, de la singularité d’une vie – le récit d’un monde, d’un désir qui circule dans ce monde. Il s’agit également d’un livre singulier par ses choix d’écriture et stylistiques. Entretien avec l’auteure.
La vie numérique est-elle un supplément d’âme ou le corps du délit ? À cette question, Lucie Rico apportait l’an dernier une réponse marquante avec GPS. Avec Anna partout, Chloé Ronsin Le Mat signe un premier roman qui complète cette interrogation tout en fourmillant de nouvelles pistes, vraies ou fausses, à l’image des possibilités sans cesse changeantes de l’identité en ligne. Son écriture originale, la radicalité de son approche, offrent un modèle de cohérence entre fond et forme d’une matière littéraire.
Un homme face à son jardin : la terre qu’il travaille, les outils qu’il use, la sueur des muscles, l’énergie dépensée de l’effort, et les ciels chaque jour différents qui le regardent ouvrager le sol dans l’espoir d’y voir naitre quelque chose – et dans les lointains, la plaine écrasée et sa ligne d’horizon comme seul point de fuite.
Cocasse et poignant : tels sont les deux termes qui traversent l’esprit après avoir achevé la lecture du remarquable premier récit d’Élise Golberg, Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie, qui vient de paraître aux éditions Verdier.
Je reprends : le projet de cette brocante est de déposer dans un certain ordre ce dont on n’a pu parler en temps voulu. Positionner sur une natte – ou un drap, ou à même le sol – divers objets, dans le but d’inciter les flâneurs attentifs à en acquérir un ou deux, c’est d’abord faire de la mise en page éphémère : composer dans l’espace, un rectangle jaune en côtoyant deux autres ivoires, puis un quatrième, couleur terre, avant que d’autres ne s’ajoutent, remettant en jeu, à chaque fois, la donne graphique. Il arrive que l’agencement soit impeccable : n’y touchons plus !
Retour sur la puissante Cité dolente, de Laure Gauthier, sous la forme d’un grand entretien avec l’autrice mené par Lénaïg Cariou.
Magnétique et splendide : tels sont les deux mots qui viennent à l’esprit pour qualifier la nouvelle pièce de Laurent Mauvignier, Proches qui vient de paraître aux Éditions de Minuit. Dès ce 12 septembre, la pièce sera jouée au théâtre de La Colline à Paris dans une mise en scène de Laurent Mauvignier lui-même, une première pour l’auteur.
En traduisant et publiant la poésie de Galina Rymbu, Marina Skalova et les éditions Vanloo permettent la découverte en France d’une œuvre enthousiasmante et forte. Réunissant des textes de 2016 à 2023, Tu es l’avenir propose non seulement un panorama de celle-ci mais surtout un ensemble dont la puissance et la qualité s’affirment à chaque page.
Construit autour de la figure de Donato, le livre d’Éléonore de Duve crée un objet pris dans une écriture qui le fait apparaître et, dans un même mouvement, le dissémine. Il ne s’agit pas pour l’auteure de rédiger une biographie dont le récit manque mais de créer un agencement entre la présence de Donato et son absence. Entre cette présence et cette absence, dans l’articulation des deux, l’écriture a lieu.