Le ring invisible est le roman d’une genèse : celle de Cassius Clay, boxeur génial devenu Mohamed Ali en même temps que bien d’autres choses. Le livre s’intéresse aux débuts du boxeur, à sa formation, son apparition – on pourrait dire sa naissance, puisque Cassius Clay nait un jour dans le corps du jeune Cassius, s’y développe comme une forme de vie nouvelle, une force inédite. Si la genèse est celle de Cassius Clay, de la naissance de son corps, de sa parole, elle est aussi celle du livre puisque celui-ci est composé de cette genèse. Le livre n’est pas un roman sur Cassius Clay, comme le serait un roman se pliant aux exigences de la représentation : il est le corps de Cassius Clay – son corps, ses affects, son esprit et les processus qui les traversent.
hypothèse biographique
Arno Bertina écrit que J’ai appris à ne pas rire du démon est « peut-être aussi une biographie », celle du chanteur américain Johnny Cash. Mais, en même temps, le livre est une fiction, moins dans le sens où il s’agirait de produire une vie imaginaire de Johnny Cash, une vie « romancée », que d’extraire de cette vie ce que la fiction peut en extraire, qui ne peut être qu’écrit – d’atteindre le niveau où la vie est fiction, c’est-à-dire indétermination, mouvement, multiplicité, paradoxe.
« Envoyer au Nigeria un Gainsborough ou un Turner ?! You must be joking ! »
En 2009, Alban Lefranc publie Vous n’étiez pas là, une « antibiographie » de la Queen of the bad girls, Christa Päffgen, mannequin, chanteuse, icône et égérie, actrice, « surface de projection » d’affects et fantasmes, plus connue sous le nom que lui offrit le photographe Herbert Tobias : Nico.