Quittant le Marché de la poésie où, comme toujours, il y avait foule, je me suis rendu dans une petite – et pour cela d’autant plus belle – librairie du Quartier Latin : un lieu à la fois central et à l’écart des grandes circulations où la présence de quatre ou cinq personnes suffit pour donner l’impression qu’on est au grand complet, qu’il n’y manque pas même un seul de nos fantômes favoris. En ces espaces qui fleurent bon l’encre et le papier, des voix spectrales nous chuchotent : restez à l’écoute.

S’il existe peu de livres dont le titre formule une question, il en est sans doute encore moins qui livrent la réponse en quatrième de couverture. Or c’est précisément ce qu’ose ici Marc Cholodenko ; et comme pour rendre la chose encore plus lumineuse, sinon plus coupante, titre et quatrième relèvent d’un seul et même énoncé, repris tel quel, au signe de ponctuation près : Il est mort ? Il est mort. Est-il d’ores et déjà besoin de préciser que l’enjeu de ce livre est homogène au temps qui s’écoulera entre ces deux formulations ?

Dès les premières minutes de la très belle création radiophonique, toute de voix et de sensibilités feutrées, que Christian Rosset consacre au très discret sinon secret Marc Cholodenko, l’écrivain fait entendre sans attendre ce qui, depuis 1972, tient en son œuvre sa parole : « C’est un monde qu’on ne peut pas décrire, qu’on peut vivre. D’ailleurs, je le fais pour ça. Je n’écris pas pour autre chose que vivre dans ce monde. » et finit par ajouter entre rire et défi : « La vie, ça existe. La vie, qu’est-ce que c’est ? »