Qui a dit que le jeu vidéo était un divertissement innocent, débarrassé de toute idéologie ? Sûrement pas Douglas Hoare qui livre avec son brillant essai, Le Jeu vidéo ou l’aliénation heureuse qui vient de paraître, l’une des plus stimulantes et neuves réflexions sur les jeux vidéo eux-mêmes. Soumission désirée, utopie disciplinaire, rêve de manager : tels sont les objectifs politiques du jeu vidéo tel que l’essayiste les déploie à la surprise même des gamers. Autant de raisons pour Diacritik d’aller à la rencontre de Douglas Hoare pour qu’il revienne avec nous sur le jeu vidéo comme exercice de la violence managériale contemporaine.

Paru en 2007 et développé par le studio américain Valve, notre jeu n’est pas un récit interactif, il n’expose pas sciemment l’impossible liberté du joueur, pour finalement la donner à contempler, voire la mettre cyniquement en majesté. Portal ne se prive pas des ressources interactives du support, il les exploite même avec une intelligence rare. Portal se tient dans le strict cadre du jeu vidéo, mais il parvient tout de même à produire une critique du support tout en en respectant les canons. Mieux, le jeu réussit, par un artifice qui lui est propre, à nous faire oublier la limite fondamentale de notre liberté durant le temps de l’expérience.

Paru en 2013 et développé par le studio américain Galactic Cafe, The Stanley Parable est presque un jeu vidéo — on le décrit habituellement comme une fiction interactive. Nous pensons pour notre part qu’il s’agit d’un jeu vidéo critique. L’ironie mordante du titre annonce d’emblée un récit aux proportions bibliques, porté par un héros tout à fait commun. De fait, le jeu nous propose d’incarner le plus modeste employé d’une entreprise anonyme.

Paru en 2013 et produit par un seul homme, le développeur américain Lucas Pope, Papers Please est un jeu vidéo inclassable aux graphismes rudimentaires, qui n’ambitionne rien de moins que de nous faire jouer le rôle d’un petit fonctionnaire, chargé d’admettre ou non sur le territoire d’un pays soviétique imaginaire une foule qui se presse tous les matins à l’entrée de son checkpoint.

Un aventurier de fortune porteur d’un message en quête de son destinataire, un monde de papier s’effeuillant au rythme de ses narrateurs sous les traits du ciel et de la terre et, entre les deux, vous, le Vou, tel est le nom dont vous vous retrouvez affublé dès les premières minutes. Tearaway Unfoled, dernier conte du studio anglais Media Molecule et adaptation de l’opus sorti il y a 2 ans sur Playstation Vita, offre une aventure de taille à son héros Iota et n’hésite pas à jouer constamment avec les codes de la narration et du gameplay en y incluant brillamment le joueur.