Pierre Alferi : « On avait des désirs mais on n’avait pas de thèse ou de crédo esthétique précis » (Entretien avec Geoffrey Pauly)

Pierre Alferi©Anne-Lise Broyer/POL

En hommage à Pierre Alferi récemment disparu, Diacritik publie un entretien inédit, réalisé par Geoffrey Pauly en mars 2021, autour des deux volumes magistraux de Revue de littérature générale qu’Alferi publia au mitan des années 90 avec Olivier Cadiot.

Voici la retranscription d’un extrait du premier entretien que j’ai eu avec Pierre Alferi. Ce fragment est centré sur l’aventure de la Revue de littérature générale. La suite de l’entretien a porté sur la relation entre les différentes générations de poètes au cours des années 1990 puis sur l’œuvre poétique de Pierre Alferi. Ces premières vingt minutes donnent à entendre toute la simplicité et la générosité d’un homme qui s’est toujours montré, par la suite, heureux de parler d’écriture, de création, et de son histoire, qui est aussi une part de l’histoire poétique française. Je retranscris sa langue, au plus proche de ce qui a été enregistré. Je précise seulement qu’il riait et souriait beaucoup en racontant ces anecdotes [Geoffrey Pauly].

Pierre Alferi : Allez-y, tirez le premier !

Geoffrey Pauly : Parfait ! Eh bien nous pouvons commencer avec la Revue de littérature générale ? Ce qui m’intéresse, c’est d’abord d’entendre les revuistes, d’apprendre comment les choses se sont mises en places puis déroulées. Peut-être pourriez-vous me raconter la manière dont est né le projet et comment il s’est reconduit du premier au second numéro dans la mesure où cet enchaînement est assez spécial dans l’histoire des revues de poésie ?

Eh bien oui, je peux vous raconter ça comme je m’en souviens, il faudrait aussi demander à Olivier Cadiot même si son actualité est un peu chargée. Moi, ce dont je me souviens, c’est qu’on a commencé à parler de faire une revue très tôt en réalité. Avec Olivier, on s’est rencontrés à la fin des années 1980, je dirais en 1988, et on a commencé à travailler ensemble peut-être deux ans ou trois ans plus tard, au début des années 1990. À un an près, je dirais que vers 1991-92 on faisait des lectures ensemble. On s’entendait bien, moi j’avais déjà fait une revue qui s’appelait Détail avec Suzanne Doppelt dans laquelle il a publié aussi. Et puis quand on faisait nos lectures, en fait, on était dans une situation très bizarre qui n’a pas duré longtemps, peut-être quelques années, qui était que dans le milieu, qu’on connaissait en tout cas, de la poésie française que l’on voyait – mais on avait vu finalement pas mal de monde –, on était quasiment les seuls de notre génération. Il y avait beaucoup de gens qui avaient vingt ans de plus et quatre ou cinq ans après sont arrivés des gens qui avaient le même âge que moi ou trois ou quatre ans de moins, mais pendant les premières années des années 90, c’était très étrange, on était toujours les plus jeunes. On se retrouvait dans des festivals, dans des facs, dans des trucs, et tout le monde avait vingt ans de plus. Je me souviens très bien, et je pense qu’Olivier s’en est souvenu aussi qu’un jour, je crois qu’on avait fait une lecture en Angleterre, dans une fac, et en repartant, en discutant dans le bus, comme ça, je lui ai dit « écoute, si on fait un jour une revue, c’est maintenant qu’il faut la faire, parce qu’après on sera plus vieux, on sera fatigués, on aura moins de temps ; c’est à cet âge-là qu’il faut le faire pour essayer de stimuler quelque chose chez les gens de notre âge, ou plus jeunes ».

On s’est mis à en parler, ça devait être en 92, je dirais, et puis petit à petit ça a un peu mûri. Le projet de la revue s’est concrétisé vraiment quand on s’est mis à écrire, en fait, parce que bizarrement, on aurait pu faire des programmes, on aurait pu faire des sommaires avant, imaginer à qui on avait envie de demander des textes, etc., mais ça ne suffisait pas à motiver la création du truc. C’est quand on a réussi après en avoir longtemps parlé, sans avoir réussi parce que ça a pris du temps, à rédiger ensemble un texte programmatique qui a été beaucoup modifié et s’est retrouvé finalement dans la revue, qu’on a été sûrs de vouloir le faire. En fait, bizarrement, ou pas d’ailleurs, je ne sais pas si c’est bizarre ou pas, le sommaire du premier volume, et même celui du deuxième, les sommaires ont été faits en écrivant un texte, l’espèce de manifeste qu’il y avait au début. On n’avait pas d’idée très claire sur ce qu’on allait demander ni à qui on allait le demander avant de nous-mêmes essayer de théoriser un petit peu les choses dans notre tête.

Vous êtes en train de me dire que ces textes programmatiques qui en même temps servent de sommaire puisque vous renvoyez aux textes à chaque fois vous les avez écrits avant de savoir ce qu’il y avait dans les volumes ?

En même temps. Au moment où on faisait la commande. Au moment où on commandait les textes. C’est en rédigeant le programme qu’on a décidé des commandes de textes et même les titres des trucs, en fait. C’est-à-dire qu’on a tout fait à l’envers. Si vous voulez on a fait un truc… et puis c’était un peu un pari aussi, c’est pour ça que ça nous amusait, parce qu’on n’était pas du tout sûrs que ça marche. C’est-à-dire qu’on a essayé de faire un truc qui n’avait jamais été fait, en gros. D’une part, on a décidé qu’on n’aurait pas de comité de rédaction, donc il n’y avait que nous deux. D’autre part on a décidé qu’on travaillait en symbiose avec un graphiste, avec deux graphistes même, dès le début, on ne voulait pas prévenir le graphiste après coup, il était là vraiment dès les premières idées. Et puis on a demandé aux gens non pas une participation ou une contribution libre sur un thème mais on leur a carrément proposé un titre pour leur contribution. Et donc on leur a dit : « Est-ce que vous aimeriez écrire un texte qui s’appellerait comme ça ? » Ce qui fait qu’on a vraiment beaucoup dirigé tout ça, à notre grande surprise. On pensait qu’on aurait trois refus sur quatre, que les gens diraient : « Ça va pas non ? C’est pas mon truc, ça m’intéresse pas ! », des choses comme ça. Et paradoxalement, non, pas paradoxalement d’ailleurs… En fait, ça a beaucoup amusé les gens de suivre une contrainte, de répondre à une contrainte forte, beaucoup plus ; surtout les gens qui étaient plus vieux que nous et qui avaient déjà beaucoup publié, ça les amusait plus de faire ça, parce qu’ils ne s’y attendaient pas en fait, que d’inventer eux-mêmes une nécessité qui existe toute seule. Parce que c’est souvent ça, dans les revues, on leur dit : « Faites ce que vous voulez. » Alors… moi ça me déprime complètement quand on me dit ça. Moi, je veux rien, je reste au lit, je sais pas. Là, c’était le contraire, on disait : « Si on vous proposait d’écrire un texte qui s’appellerait comme ça… » Mais littéralement, hein ! On a dit à Echenoz, par exemple : « Est-ce que tu nous ferais un texte qui expliquerait pourquoi je suis pas poète ? » Et d’ailleurs, c’est intéressant parce qu’il disait : « Non, non, moi je n’écrirais pas “Je suis pas poète”. J’écrirais : “Je ne suis pas poète.” » Alors ils disent : « Ben non, tant pis, on fait comme ça. » Donc on y est allé, vraiment, un peu au culot.

La grande surprise, et ce qui a fait que ces volumes sont si gros, et qu’il y en a deux, c’est que tout le monde a été d’accord. On n’a essuyé aucun refus. Je crois aucun. Si… Alors c’était vraiment très spécial, donc je ne dirai pas… Si, on a eu un refus de quelqu’un qui est vraiment très compliqué et snob. Sinon, ouais, ça a amusé les gens. Et donc on a fait ça dans le même moment, tout s’est fait dans le même moment. On rédigeait le texte programmatique mais on changeait sans arrêt parce qu’on discutait beaucoup. La revue a été beaucoup faite comme ça parce que concrètement, moi, à ce moment-là, Olivier habitait dans un loft, on appelait ça des lofts à l’époque, un truc un peu désaffecté qu’il avait récupéré et qui était très grand dans le quartier Oberkampf – qui n’était pas du tout branché, à l’époque, c’est venu juste après – et moi, par le plus grand des hasards, je sous louais à un ami, pendant deux ans, qui louait rue Timbaud, c’est-à-dire la rue parallèle en fait. On était à cent mètres, en gros, l’un de l’autre, ce qui fait qu’on pouvait se voir quasiment tous les jours. On travaillait chez lui parce qu’il y avait beaucoup de place, il y avait des grandes tables avec tous les trucs étalés, et pendant deux ans, un an et demi peut-être, on se voyait tout le temps. Et on discutait tout le temps. Donc ça a évolué et ça s’est mis au point comme ça.

Après, comment se sont faits les deux volumes ? Oui, c’est très simple. On était partis, en gros, on avait trois idées. On voulait faire un volume autour de la poésie et des textes raffinés formellement, de petite taille, comparables à des objets finalement mais surtout des poèmes. On voulait faire un volume sur le contraire de ça, c’est-à-dire la prose du tout-venant, le roman qui peut charrier toute sorte de choses dans un flux continu. Et puis on avait une troisième idée qui était de faire une sorte de critique de la critique ; c’est-à-dire d’enquêter et de proposer à des gens plus qualifiés que nous de faire une vraie enquête sur les milieux culturels, journalistiques et éditoriaux de France pour essayer de démonter un petit peu la machine, voir comment ça fonctionnait vraiment, qui avait le pouvoir, qui influençait qui, etc. On n’a pas fait le troisième. On a fait les deux premiers. Au début on imaginait même que c’était un seul volume le rapport entre les textes de style poétique et la narration. On aurait bien fait un seul volume mais on est vite arrivé à cinquante commandes pour le premier, donc ça n’était pas possible. On a dit : « Bon, on fait deux volumes, un par an. » Et on a fait les commandes quasiment en même temps. On a un peu décalé celles du deuxième volume peut-être, mais en gros quand le premier volume est sorti, le deuxième était prêt. On a travaillé un an et demi, à peu près, pour ces deux volumes.

En revanche, comme on a consacré tout notre temps à ça pendant deux ans, sans être payés en plus, évidemment – Paul [Otchakovsky-Laurens] a été très généreux parce qu’il a financé la revue, et à perte, enfin je pense qu’il a perdu de l’argent – donc il y avait le problème alimentaire. Et puis il y avait le problème aussi qu’on ne faisait rien d’autre. On avait aussi d’écrire nos propres textes… Donc au bout de deux ans, on s’est dit : « Soit on fait un comité de rédaction et on délègue, on est plusieurs, c’est moins lourd, soit on retarde. » On n’a pas réussi à faire de comité de rédaction parce qu’on ne s’entendait avec personne… Non, c’est surtout que les gens de la génération un tout petit peu plus jeune, pas en âge mais qui ont commencé à publier un tout petit peu après, c’est-à-dire la génération Quintane, Tarkos, Christophe Hannah, moi je les ai rencontrés juste après la revue, en les publiant, en réalité. On a été parmi les premiers à publier Quintane et Tarkos par exemple, même s’ils avaient déjà publié des petits trucs mais pas chez un grand éditeur. Et on s’est aperçu que ces gens avec qui on s’entendait plutôt bien et dont on aimait le travail, ils n’avaient pas très envie de faire ça. Ils n’avaient pas très envie de rentrer dans un comité de revue, et puis nous non plus au final… On s’est rendu compte que ça allait être très lourd, des frictions sur tout, vous voyez. Et puis faire des compromis, c’est pas amusant : « Alors d’accord, on publie ça si ça te fait plaisir mais en échange, on publie ça parce que ça me fait plaisir… » On n’avait pas du tout envie de faire ça donc on ne l’a pas fait. Et en revanche, au troisième volume, on s’est un peu dégonflés parce que la tâche était énorme. Il aurait fallu trouver des gens, et des gens courageux parce qu’on risquait de se griller auprès de tout le monde, y compris notre éditeur, donc on a temporisé un peu et à force de temporiser on a oublié, le temps a passé, après on s’est engueulé et la vie a continué, il n’était plus possible de s’y remettre.

J’ai une toute petite question par rapport à ça : Paul Otchakovsky vous avait donc donné un accord de principe, il savait qu’il allait accueillir la revue ?

Voilà. Ça, c’était génial. On n’aurait jamais eu ça ailleurs. Dès qu’on lui a parlé du projet, il était enthousiaste, il a dit : « Je le fais ! Je le fais ! Faites ce que vous voulez, proposez ce que vous voulez ! On trouvera le moyen de le faire. » A l’époque, il avait beaucoup moins d’argent encore que maintenant, il n’avait pas eu encore de grand best-seller, il a commencé à gagner un peu d’argent avec Darrieussecq en fait, donc c’était deux ou trois ans plus tard, donc il a dû chercher des financements.

Ah oui, les gros volumes précédents, par exemple La Vie mode d’emploi, ce genre de choses, étaient chez Hachette. C’était la collection de P.O.L. mais pas encore sa maison donc les revenus n’étaient pas les siens, j’imagine ?

Exactement, donc les premiers dix ans, douze ans, de P.O.L. – moi, je suis arrivé en 90-91 –, c’était modeste. Il y avait des romanciers mais c’était quand même beaucoup de la poésie, du Hocquard, des choses comme ça. Et donc, quand on a fait la revue, nous en plus on lui a dit : « On veut faire un truc populaire, on veut faire un truc que les étudiants puissent acheter, donc on veut faire un truc à cinquante francs. » Ce serait dix euros, maintenant, un truc comme ça. C’était beaucoup moins cher que le coût de la revue. Paul a été super, il nous a dit qu’il trouverait. On a cherché, nous, et on a échoué sur toute la ligne. Vraiment, sur toute la ligne, on s’est fait complètement avoir mais il a quand même soutenu.

Ça, c’est quand même un détail amusant, on n’a pas eu l’argent. Le premier volume a été sorti avec l’aide de la Poste, il y avait le logo de la Poste derrière. Pour nous, à l’époque, la Poste, c’était encore le service public, ça n’était pas encore France Télécom, donc moi, je trouvais ça bien, la Poste, les facteurs, les timbres, c’était pas du tout compromettant. Pour moi, j’étais content. La promesse qu’on a eue n’a pas été tenue du tout. Ce qui fait que quand on a fini le volume, on l’a amené pour être payés. Ils avaient promis qu’ils donneraient la moitié du coût de l’impression. Paul est allé avec nous, on est allé voir le président des trucs de la Poste, et en fait il nous a renvoyés à quelqu’un d’autre, on n’a plus vu la même personne, qui était le vrai responsable, qu’on n’avait jamais vu, le vrai responsable du mécénat de la poste. Il nous a dit : « C’est quoi, votre truc ? » On lui a montré la revue, il nous a dit : « Non, tut tut tut, ça ne nous intéresse pas, ça. Nous, ce qu’on veut, notre ligne maintenant, c’est de soutenir la chanson française de qualité. » Et donc ils n’ont pas donné l’argent qu’ils avaient promis alors qu’on les a remerciés. Et au deuxième volume, ça s’est reproduit, mais on a fini par récupérer quand même l’argent, parce que les gens qui voulaient nous aider ont été virés deux semaines avant le moment de payer. Le successeur n’a pas voulu assurer la promesse… mais bref, c’est des détails, mais c’est pour vous dire que c’était un objet vraiment peu cher. C’est pour ça qu’il s’est bien vendu aussi. Il ne faut pas se raconter d’histoires, ça faisait envie, c’était un beau truc, gros, pour cinquante francs, donc le premier volume est parti tout de suite. Ça a été épuisé en une semaine, peut-être dix jours. On n’a pas pu le réimprimer parce que c’est aussi cher de réimprimer que d’imprimer, donc Paul n’avait pas les moyens. Il est resté assez rare. Pour le second, il a été prévoyant, il en a fait tirer deux fois plus. Le premier on ne le trouve pas, ça circulait en photocopies à l’époque dans les écoles d’art.

Je vous pose une deuxième question qui concerne plus précisément votre travail. J’avais l’impression, en repartant de vos premières publications, Le Chemin familier du poisson combatif, Kub Or, par exemple, qu’il y avait toujours, mais vous me détromperez peut-être, une part de dispositif, de mise en place, pour faire du livre un laboratoire ; qu’une structure permette aux éléments d’entrer en réaction et qu’on puisse voir ensuite ce qui se passe dans l’œuvre. Puisque la revue peut être considérée elle aussi comme un laboratoire, comment appréhendez-vous la relation entre ces deux espaces ?

Je crois que c’est pareil pour Olivier, on a toujours considéré l’espace de la revue comme un endroit d’utopie. C’est-à-dire que pour nous, ce qu’on avait envie de lire dans la revue, c’était des idées pour écrire des textes futurs mais ça n’était pas lié à des choses qu’on faisait déjà. En fait, tout simplement, on cherchait tous les deux à élargir et à rendre public aussi une sorte d’atelier d’écriture, de grande table où on mettrait à disposition le plus possible de matériau, de théorie et de pensée pour produire des livres différents. Et en fait, ce qu’on espérait tous les deux faire et qu’on a dû essayer de faire ensuite mais avec des succès évidemment divers, c’était un livre de littérature générale. C’est-à-dire un livre qui pourrait être à la fois de la narration et de la poésie ou bien alternativement l’un et l’autre. Et puis d’intégrer d’autres supports ou d’autres médias, ça aussi, ça nous intéressait déjà beaucoup. C’était une pure utopie, c’était presque l’idée du livre qui serait à la fois essai, poésie, roman, atelier, work in progress. On tournait autour de quelque chose comme ça qui n’a par définition pas de forme bien définie.

Je pense pas qu’à aucun moment on se soit dit que la revue pouvait être un lieu où on développait notre travail personnel, ou alors où on le commentait ou on le nourrissait directement. On n’a pas publié de textes à nous, évidemment, à part le texte de présentation, de même on n’a rien publié qui était lié à ce qu’on faisait l’un et l’autre à ce moment-là, en tout cas pas consciemment. Donc, c’est des espaces très différents, c’est aussi pourquoi on a arrêté, parce que ça prenait autant de temps que l’écriture d’un livre et puis il y avait aussi la dimension sociale du truc, il fallait parler à des gens, tout ça, ce que, moi, je fais très mal. Olivier un peu mieux mais c’était quand même très fatigant de voir cinquante personnes. C’était bien, je n’ai aucun regret, mais c’était fatigant. C’était un peu l’idée aussi, d’inventer un chantier, on ouvre un chantier. On cherchait à ouvrir des pistes, aussi bien pour nous, donc on ne les connaissait pas très bien à l’avance, on avait des désirs mais on n’avait pas de thèse ou de crédo esthétique précis.