RIPLEY(S) : RÉSURRECTION

Avertissement

Les datations comprises dans ce texte (notamment les dates de naissance et de mort d’Ellen Ripley, mais également de certains événements ultérieurs) sont susceptibles d’être remises en question. Les révolutions industrielles, scientifiques et technologiques des années 2100, les deux effondrements informatiques successifs de 2198 et 2209 et la déclaration d’indépendance des androïdes en 2311 ont perturbé considérablement la fiabilité des réseaux internet. Nous avons néanmoins suffisamment d’éléments concernant les différentes époques successives pendant lesquelles le Lieutenant Ripley a tenté (en vain) d’éradiquer l’espèce xénomorphe à laquelle elle a été confrontée initialement sur LV-426 pour assurer le lecteur du sérieux de cette étude. On excusera cependant certaines contradictions que l’on pourrait rencontrer en se basant sur des sites gouvernementaux, rebelles ou religieux. Le culte que vouent aujourd’hui à Ellen Ripley des cellules isolées, humaines et androïdes, que ce soit sur Terre ou dans les mille deux cents mondes connus, sur la base des écrits de Robert Morse (2197), unique survivant de Fiorina 161, empêche toute considération objective. De même que la réhabilitation des industries Weyland-Yutani-Shaw, dont les archives, qui font office de livre d’histoire aujourd’hui, sont sujettes à caution.

Un spécimen Alien_LV-426, désignation officielle du xénomorphe, est conservé en bloc de cryogénisation dans les laboratoires des industries W-Y-S (Saint-Petersbourg, États Unifiés).

(…) Il apparaîtrait que, dans les années 2260, suite aux recherches effectuées sur Fiorina 161 par la société Weyland-Yutani, Terraformations & Technologies, employeur historique du Lieutenant Ellen Ripley, travaillant sous couverture pour le Gouvernement des Etats Unifiés Est-Ouest — notamment la branche Armes & Recherches qui avait la première localisé la présence du xénomorphe sur la planète LV-426 — les prélèvements ADN du Lt. Ripley découverts dans le complexe carcéral Fury 16 ont démontré sans doute aucun la présence de l’ADN extra-terrestre, en quantité suffisante pour pouvoir amorcer les premières étapes de reconstruction et de clonage du xénomorphe. En l’état actuel des connaissances médicales, isoler le brin d’ADN du xénomorphe aurait certainement obligé à devoir le modifier, et probablement à l’altérer. Les recommandations scientifiques (Officiers Paul Green & Kramer B. Neal, respectivement matricules 666-77879 & 666-89909, décédés) ont conduit à une cryogénisation prolongée de la structure génétique pour en garantir la préservation dans les cent prochaines années. « Les progrès réguliers de la recherche génétique et les dernières innovations en matière de clonage semblent indiquer que la durée de conservation envisagée dépasse largement les potentialités futures de réamorçage du processus. Il va sans dire que, ne pouvant séparer les deux ADN, l’hôte traversera la cryogénisation avec probablement la même espérance de survie que le xénomorphe — même si aucune certitude sur les éventuels dommages que le rapprochement des deux échelles génétiques aura causés ne peut être avancée à l’heure actuelle. La cryogénisation du matériel quant à lui garantit a minima que le prélèvement ne sera pas endommagé et que son exploitation dans les prochaines années pourrait apporter des résultats satisfaisants. »

On rappelle que le xénomorphe, particulièrement agressif et dans sa composition, et dans son cycle de reproduction, ouvrirait, selon Weyland-Yutani, une voie inédite vers des technologies de combat et des armes biologiques sans précédent dans l’histoire humaine : « Les récents conflits équatoriaux, l’accès universel à l’arme atomique et les développements de l’armement spatial ont forcé une régulation des stratégies de guerre vers les nations dominantes que nous ne pouvons que condamner. Cette régulation, dans le nivellement des différences qu’elle a généré, met en danger la planète face à toute attaque ultérieure, qu’elle soit endogène ou extra-terrestre. Développer des stratégies souterraines de défense ne pourrait que bénéficier à l’espèce humaine pour une préservation pérenne des générations futures. Le menace écologique enrayée depuis les accords de Genève de 2098 a permis de regarder le futur avec sérénité. C’est en poursuivant nos explorations et nos recherches vers la terraformation, la colonisation et l’aventure spatiale que nous élargirons les chances de l’homme de trouver et d’affirmer d’une manière stable, ancrée, son statut d’espèce dominante. »

Dompter le xénomorphe (désignation : Alien_LV-426), en comprendre les caractéristiques et les potentialités et les mettre au service de l’humanité n’est certes, d’après Weyland-Yutani, qu’un maillon de la chaîne de l’évolution de l’espèce humaine. « Mais risquer de perdre ce matériel génétique unique est une chance que nous ne prendrons pas, » concluent Green & Neal dans leur rapport. « La possibilité qu’il existe encore sur LV-426 ou sur d’autres mondes avoisinants des traces de cette espèce rare est évidemment à envisager. Mais le prélèvement du Lt. Ripley garantit à la science la main mise sur cette arme potentielle de qualité, et les développements futurs que sa réhabilitation engendrera. »

(…) Les laboratoires de recherches Weyland-Yutani ont été fermés dans les premières années de ce siècle. La majorité du matériel génétique aurait été détruit, mais il a été avancé que des échantillons auraient été sauvegardés — notamment les prélèvements effectués sur Fiorina 161. Les recherches à ce sujet font état de plusieurs enquêtes qui n’ont mené à rien. Le dossier a été clos à la fin 2308 et classé Secret Défense.

(…) Les avancées considérables de la génétique et de la recherche médicale laissent envisager le pire si le matériel dont il est question dans ce rapport avait en effet été sauvé. Une enquête a été ouverte suite à des rumeurs sur la reconstruction du xénomorphe Alien_LV-426 dans les années 70. On a avancé le nom d’un médecin entomologiste, spécialiste des cycles parasitaires, le Docteur Jonathan Gediman, qui aurait péri dans l’incendie de son laboratoire en 73. Des communications ponctuelles sur les réseaux sociaux semblent indiquer que le Dr. Gediman serait encore en vie.

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