« Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main
chaude sous la glace et la mort
Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes,
Votre frère de sang ?
Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux
Je ne laisserai pas – non ! – les louanges de mépris vous enterrer furtivement.
Vous n’êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur
Mais je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France » Léopold Sédar Senghor, Paris, avril 1940, Hosties noires, 1945

On a cru que le ministère de l’Identité Nationale avait disparu corps et bien avec Nicolas Sarkozy. C’était assurément un tort. Car, à la surprise générale, il vient de donner de ses tristes nouvelles, il y a à peine quelques jours, par la voix d’un consternant et dangereux appel à contributions émanant de la revue Fixxion, organe universitaire jusque-là sérieux et respectable, intégralement dévolu à l’étude de la littérature française depuis 1980.

Double opportunité aujourd’hui d’évoquer l’œuvre de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo, résidant hors de son pays depuis près de cinquante ans : le palmarès des grands prix de l’Académie française ce 23 juin, l’associe à 62 autres noms. Il est particulièrement mis à l’honneur avec le Grand prix de la francophonie que des écrivains prestigieux avant lui ont également obtenu. Par ailleurs, son roman de 2012, consacré à Addi Bâ, de son vrai nom, Mamadou Hady Bah (1916-1943), sous le titre Le terroriste noir, a été porté à l’écran par Gabriel Le Bomin sous un autre titre, Nos patriotes.

Dans l’Algérie des années 1980, une femme fuit. Marquée d’une étoile au front, elle porte un enfant. Elle court, elle échappe à ses tortionnaires, elle emporte son nouveau né toujours plus loin, elle lutte pour survivre – seule. Zoubida, comme l’était la Nedjma de Kateb Yacine, est l’étoile du nouveau roman de Tierno Monénembo. Critique et entretien avec l’écrivain, réalisé à Conakry, le vendredi 23 décembre 2016.