Au crépuscule des terribles années 60, frappé de stupeur et de fulgurance, Michel Foucault l’avait écrit à Pierre Guyotat, alors que sommeillaient déjà en lui les prémices du très bel Idiotie qui paraît cette rentrée : « L’histoire immobile comme la pluie » traverse, comme un intangible point fixe, les pages les plus terribles du romancier. Car, de Tombeau pour cinq cent mille soldats jusqu’à Idiotie, Pierre Guyotat, ce serait tout d’abord l’histoire d’un cri.
Pierre Guyotat
Le vendredi 7 février 2020, il y a bientôt un mois déjà, la tragique nouvelle est tombée : Pierre Guyotat venait de nous quitter. C’est peu de dire qu’avec lui, une des voix les plus magistrales de la littérature contemporaine venait de s’éteindre. Pour en évoquer la puissance aussi neuve qu’inégalée, Diacritik a désiré donner la parole, après Colette Fellous et Marianne Alphant aujourd’hui au romancier Pierre Chopinaud qui est le dédicataire de Coma car celui à qui Guyotat dicta le manuscrit durant de longs mois. Nous vous invitons à lire son précieux témoignage où se donnent à lire l’amitié des deux hommes, de deux écrivains. Que Pierre Chopinaud en soit ici vivement remercié.
Vendredi la nouvelle, terrible, est tombée : Pierre Guyotat venait de nous quitter. Avec lui, c’est l’une des voix majeures de la littérature des 20e et 21e siècles qui disparait. Pour en évoquer la puissance si singulière, Diacritik a désiré donner la parole aujourd’hui à l’écrivaine Marianne Alphant qui, en 2000, fit paraître Explications, remarquable série d’entretiens qu’elle mena avec l’écrivain. Nous vous invitons à lire son précieux témoignage d’amitié où se donnent à lire quelques réflexions inédites de l’écrivain. Que Marianne Alphant en soit ici remerciée.
Pierre Guyotat vient de nous quitter, nous laissant l’une des œuvres parmi les plus importantes du 20e siècle et du 21e siècle commençant. Diacritik a désiré rendre hommage à cette voix si neuve et si âpre de la littérature contemporaine en donnant aujourd’hui la parole à Colette Fellous, écrivaine mais aussi directrice de la remarquable collection « Traits et portraits » au Mercure de France où elle invita Guyotat à publier l’un de ses textes majeurs, Coma.
Plus de littérature mais des mots arrachés au néant pour dire un cri étouffé, une colère sourde, une tristesse et une fatigue immenses. Mes doigts tremblent un peu car je ne suis pas sûr d’arriver au bout de ce texte. Dépression. Je traverse un nouvel épisode dépressif.
Dans l’œuvre de Guyotat, les corps sont omniprésents : corps de cinq cent mille soldats, corps innombrables des morts oubliés de l’Histoire, corps asservis, torturés, corps désirants… Corps partout, autant objets que sujets de l’écriture, corps des autres ou corps de l’écrivain. Ces corps s’entrechoquent, se caressent et se tuent dans le même instant, s’asservissent et se baisent, se lèvent de leurs propres cendres, défèquent, pissent et éjaculent en pleine lumière.
Pierre Guyotat vient de mourir à l’âge de 80 ans. En hommage à cet écrivain majeur, Diacritik republie l’article que Johan Faerber avait consacré à Idiotie, prix Medicis, prix spécial du jury du Femina en 2018 et prix de la langue française pour l’ensemble de son œuvre, la même année.
Au crépuscule des terribles années 60, frappé de stupeur et de fulgurance, Michel Foucault l’avait écrit à Pierre Guyotat, alors que sommeillaient déjà en lui les prémices du très bel Idiotie qui paraît cette rentrée : « L’histoire immobile comme la pluie » traverse, comme un intangible point fixe, les pages les plus terribles du romancier. Car, de Tombeau pour cinq cent mille soldats jusqu’à Idiotie, Pierre Guyotat, ce serait tout d’abord l’histoire d’un cri, couronné le lundi 5 novembre d’un Prix Femina spécial 2018 pour l’ensemble de son œuvre et Idiotie. Et du prix Médicis dès le lendemain, 6 novembre 2018.
Au crépuscule des terribles années 60, frappé de stupeur et de fulgurance, Michel Foucault l’avait écrit à Pierre Guyotat, alors que sommeillaient déjà en lui les prémices du très bel Idiotie qui paraît cette rentrée : « L’histoire immobile comme la pluie » traverse, comme un intangible point fixe, les pages les plus terribles du romancier. Car, de Tombeau pour cinq cent mille soldats jusqu’à Idiotie, Pierre Guyotat, ce serait tout d’abord l’histoire d’un cri.