Daniel Challe est photographe, il s’agit par conséquent avant tout de l’hommage d’un photographe, d’un livre écrit par un photographe qui se place sous le signe de cet artiste majeur qu’est August Sander, comme on a pu le constater de nouveau lors de l’exposition au Centre Pompidou, Allemagne, années 1920, la Nouvelle Objectivité (11 mai–5 sept. 2022). Une espèce d’art poétique ou de profession de foi.
Jean-Pierre Ferrini
On retrouve dans Il n’y a pas de cheval sur le chemin de Damas une construction chère à Florence Delay, celle de la « séduction brève », de « petites formes en prose » qui déclinent une même idée en suivant de multiples directions.
Très tôt, Jean-Christophe Bailly a eu la conviction qu’il serait écrivain, quelqu’un donc qui écrit, qui écrit des livres. On aurait tendance à penser qu’il s’agit principalement d’essais. Ils le sont, certes, mais des essais qui s’écriraient avec les autres genres, qui les élargiraient, qui ne désolidarisent pas le « désir de comprendre » d’une « expérience d’écriture ».
Le livre de Tangui Perron raconte l’histoire d’une photographie de Willy Ronis ; une photographie qui raconte l’histoire d’une femme, Rose Zehner ; une femme qui raconte l’histoire du mouvement ouvrier, et de l’intérieur de ce mouvement, la lutte des femmes.
Martin Rueff écrit depuis longtemps entre les langues, ou plus exactement entre la langue française et la langue italienne, qu’il traduit, à la « jonction » des deux pour reprendre le titre de son précédent livre (La Jonction, Nous, 2019). Cette fois, il expérimente pleinement la langue italienne, non en la traduisant mais en l’écrivant.
La première question qui vient à l’esprit est pourquoi la « dépression », pourquoi l’auteur, Patricia De Pas, a-t-elle choisi cette figure de la dépression?
Cavalier d’épée constituerait une sorte de suite, ou de complément, de supplément, à Enfant de perdition (P.O.L, 2020). Le livre commencerait là où l’autre s’arrêtait, au seuil de la vie adulte, d’un voyage dans les Balkans que s’apprête à faire le narrateur. Dans Enfant de perdition, nous étions dans les méandres de la vie d’avant, jusqu’à la décision finale de « trahir » les siens, le pays d’où nous venons. L’Enfant devait se perdre pour renaître, différent.
Amorces rassemble les derniers « carnets » d’Henri Thomas et constitue peut-être une bonne entrée en matière pour découvrir une œuvre qui occupe une place singulière dans le paysage de la littérature française de la seconde moitié du XXe siècle.
Au début des années 1990, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur ont filmé les dernières personnes qui avaient connu ou côtoyé Antonin Artaud en s’efforçant de raconter sa « véritable histoire ». De cette quête de vérité étaient nés deux films, une fiction et un documentaire ; et aujourd’hui un livre, portrait en mosaïque du poète maudit.
François Hartog, directeur d’études à l’EHESS, historien et en quelque sorte spécialiste du Temps, a écrit avec Chronos une espèce de roman qui narre les péripéties de l’Occident du début de l’ère chrétienne à notre très étrange aujourd’hui.
Les éditions de l’Œil ont entrepris depuis quelques années de republier l’œuvre complète de Jean-Daniel Pollet (1936-2004) ; une œuvre à laquelle la Cinémathèque française s’apprêtait à rendre hommage du 11 au 29 mars 2020 avant d’en suspendre provisoirement la rétrospective en raison de la crise sanitaire. En attendant la réouverture des salles de cinéma, les livres-dvd permettent de découvrir ou d’appréhender ce cinéaste en marge de l’industrie cinématographique.
Enfant de perdition de Pierre Chopinaud est un roman « nomade », large et généreux, qui semble sortir de nulle part tant sa langue paraît étrangère à nos classifications habituelles.
Il arrive régulièrement un événement dans l’édition française. Il faut s’en réjouir même si la périodicité n’est pas facile à définir. À n’en pas douter, la nouvelle traduction de Pierre Lecoq du Shâhnâmeh, Le Livre des Rois de Ferdowsi, appartient à cette catégorie.
Après Comme si quelque (Comp’Act, 2006) et Icare crie dans un ciel de craie (Belin, 2007), Martin Rueff n’avait plus publié de livre de poésie. Il faut par conséquent saluer ce retour, ou ce recours de nouveau au poème avec La jonction (Nous, 2019).