Hölderlin, le poète des poètes, nous enjoignait à « habiter poétiquement cette Terre ». Pourquoi le faudrait-il ? Qu’est-ce que cela signifie ? En quoi cette question est-elle d’actualité ? Que cela changerait-il si la proposition était effectivement mise en œuvre ?
Hölderlin
Un livre ne commence pas – absence de commencement, une écriture sans début ni fin. Livre déjà commencé, déjà commencé d’être écrit. Non dans l’existence de l’écrivain, ses expériences, son enfance heureuse ou malheureuse, ses pensées, bêtes ou géniales, mais dans quelque chose en lui, un ailleurs à travers lui ouvert à l’absence de commencement, ouverture sans bord, illimitée – qui ne serait que cela, ouverture, vide désert, béance sans lieu, sans espace.
« Il y a quelque part, pour un lecteur absent, mais impatiemment attendu, un texte sans signataire, d’où procède nécessairement l’accident de cet autre ou de celui-ci (…), silence / trait pour trait superposable à ce qui, du futur sans visage, déborde le texte et dénude sa foisonnante et meurtrière illisibilité » (Jacques Dupin)
Dans les dernières minutes du splendide documentaire que Chantal Thomas et son frère Thierry Thomas consacrent tendrement à Roland Barthes, on entend le sémiologue revenir sur les raisons qui l’ont conduit à s’intéresser à la photographie dans La Chambre claire, son ultime essai :