Du 23 septembre au 7 octobre prochains, le Mémorial de la Shoah proposera une rétrospective consacrée à l’œuvre documentaire de Marcel Ophuls, cinéaste incontournable, interrogeant la mémoire historique française et européenne ainsi que les rapports entre cinéma, histoire, mémoire et politique.

Par leur rapport à l’histoire et à la mémoire, les documentaires de Marcel Ophuls sont des moyens de mettre en question l’actualité de l’Europe mais aussi de troubler les récits par lesquels celle-ci – et en particulier la France – se pense et se construit. Revenant sur le nazisme, Marcel Ophuls, par son cinéma, ne s’efforce pas uniquement de témoigner : il s’agit d’intervenir politiquement dans les discours fabriqués à partir de l’oubli et d’une forme de révisionnisme, discours complaisants, inventeurs de mythes producteurs d’une bonne conscience, d’une identité héroïque, de distinctions tranchées et faciles qui nous modèlent encore aujourd’hui.

Le travail de Marcel Ophuls repose sur l’idée que le cinéma fait revenir ce que l’on ne voulait plus voir, ce que l’on ne devait pas voir pour pouvoir être ce que nous sommes. Le cinéma montre ce que le politique et le discours nationaliste contemporain ne peuvent que vouloir ignorer, l’invisible nécessaire à l’image de nous-mêmes que nous désirons. Pour Marcel Ophuls, ce qu’il faut montrer pour briser ce miroir déformant dans lequel nous nous contemplons, c’est le nazisme, le rapport de notre histoire au nazisme, notre rapport au nazisme qui n’est pas un épisode achevé de notre histoire mais qui définit encore ce que nous sommes.

Marcel Ophuls, par là, ouvre la voie à un cinéma qui, par-delà le seul cadre du questionnement du nazisme, se veut aujourd’hui politique en favorisant un travail sur l’histoire et la mémoire, un cinéma critique des discours et images du nationalisme béat qui est le nôtre en Europe –  en France –, un cinéma qui s’attaque aux identités actuelles des Etats, des peuples, des individus pour en montrer l’envers, le mensonge, l’inconscient, pour montrer réellement les assassins autant que les victimes – montrer les survivants, ceux et celles qui n’ont pas, ne peuvent pas, ne veulent pas oublier.

A l’occasion de cette rétrospective, les projections des films de Marcel Ophuls auront lieu en sa présence et seront accompagnées de rencontres et interventions d’historiens, cinéastes et essayistes.

Rétrospective autour de l’œuvre documentaire de Marcel Ophuls, 23 septembre – 7 octobre 2018, Mémorial de la Shoah.
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