« J’essaye au quotidien d’être le colibri qui transporte dans son bec sa goutte d’eau pour éteindre l’incendie ».

Dans son ouvrage qui vient de paraître aux éditions Elyzad à Tunis, Je vous écris d’une autre rive. Lettre à Hannah Arendt, Sophie Bessis offre à la lecture un précieux joyau. Historienne, journaliste, elle nous a habitués à des ouvrages denses, précis, documentés. Cette « lettre » écrite à une femme qui, comme le précise la quatrième de couverture, « occupe une place particulière dans la pensée du XXe siècle », donne la quintessence de ses ouvrages : l’originalité et l’audace du sujet, la clarté de l’argumentation, l’érudition présente, jamais écrasante mais donnée en partage, la fluidité heureuse de l’écriture.

Depuis des temps immémoriaux, la Tunisie, ce grand petit pays, le seul du monde arabe à n’avoir pas réduit à rien ou transformé en guerre la vague révolutionnaire née en janvier 2011 sur son sol, s’est fait une spécialité… de ses femmes. Coïncidence ? Des femmes parfois insoumises, voire rebelles. Et assoiffées de liberté – bien avant que ne soit proclamé, en 1957, sous la présidence d’Habib Bourguiba, le fameux Code du statut personnel, qui fait des Tunisiennes, contre vents et marées, les moins discriminées du monde arabo-musulman. Trois livres en témoignent, signés Sophie Bessis, Michèle Lesbre et Saber Mansouri.

Quatre livres signés Colette Fellous, Antoine Compagnon, Philippe Sollers et Chantal Thomas ; tous ont Roland Barthes pour centre irradiant, qu’il s’agisse de La Préparation de la vie, de L’Age des lettres, ou de L’Amitié de Roland Barthes : un Pour Roland Barthes. Un Roland Barthes par d’autres, connu, aimé, feuilleté. Quatre images du désir du texte, d’un amour de la langue et du goût du présent.