Une bande son rock et une écriture décalée suffisent-elle à faire une bonne série ? Telle est la question qui peut se poser en découvrant SAS Rogue Heroes, série signée Steven Knight, connu et célébré pour avoir créé Peaky Blinders, empruntant avec succès les mêmes codes narratifs. (Un indice : la réponse est oui).
seconde guerre mondiale
D’abord, il y a ce silence, ces soldats anglais qui cherchent des provisions dans Dunkerque désertée. Puis, de nulle part, des tirs, les hommes tombent, l’ennemi est invisible, il le restera durant tout le film, un soldat court pour survivre, bienvenue à Dunkerque.
« Nous n’avions notre place nulle part, lui disait-il, aucun endroit sur terre ne voulait de nous » : cette phrase d’un Dernier refuge avant la nuit de Gwen Edelman (2002 dans sa traduction française) pourrait presque dire son second roman, Le train pour Varsovie qui vient de paraître chez Belfond : quarante ans après, deux survivants du ghetto de Varsovie reviennent sur les lieux qui ont vu leur vie basculer. Jascha et Lilka vivent désormais à Londres, lui est un écrivain célèbre, il a été invité à faire une lecture à Varsovie et Lilka a fini par le convaincre de s’y rendre, dans l’espoir qu’il leur soit possible de revenir en arrière et de mettre fin à une vie d’exil tout autant intérieur que géographique.
Tout naît d’une demande éditoriale adressée à Erri De Luca, choisir et traduire du yiddish quelques œuvres d’Israel Joshua Singer, frère du Nobel, inconnu du lectorat italien.
Dans les décisives et ardentes premières pages de Critique et clinique, son bientôt ultime ouvrage, Gilles Deleuze, à la lisière crépusculaire et impuissantée de sa propre mort, se saisit de l’écriture comme d’un grand cri de vie contre le néant, défend le geste d’écrire comme ce qui rédimera le vivant devant toutes les disparitions, et déclare depuis sa coutumière vigueur que « La littérature est une santé ». Nul doute qu’une telle sentence, qui porte la littérature à ce point d’incandescence du vivant qui, coûte que coûte, veut demeurer en vie, résonne de toute sa fureur dans le splendide récit tout de roman qu’est Le Cheval de Claude Simon, enfin magnifiquement réédité par les soins de Mireille Calle-Gruber, et tout juste paru aux éditions du Chemin de Fer dans l’inventive collection « Micheline ».