Ça commence comme ça : “Vieil ami, je viens de relire ta longue lettre, mais je crois qu’en réalité je ne vais pas y répondre, non pas qu’il n’y ait rien à répondre à tes conclusions définitives, ni que je partage entièrement ton opinion, mais plutôt que je préfère discuter oralement de la chose avec toi ce soir où tu dois, paraît-il, nous faire chez Bernard, une « conférence » à ce sujet.”

C’est à la veille du colloque international, des 17 et 18 octobre à la Bibliothèque Nationale, consacré à Nathalie Sarraute, célébrant les 20 ans de sa disparition, que Diacritik est allé à la rencontre de deux de ses organisateurs : Olivier Wagner et Rainier Rocchi. Tout reste encore à dire sur Sarraute affirment avec justesse les deux chercheurs lors de ce grand entretien qui revient sur les nouvelles perspectives de recherche que ce fort colloque va ouvrir.

« On connaît cet univers où ne cesse de se jouer un jeu de colin-maillard sinistre, où l’on avance toujours dans la fausse direction, où les mains tendues « griffent le vide », où tout ce qu’on touche se dérobe » avançait Nathalie Sarraute dans L’ère du soupçon pour alors suggérer de Kafka sa puissance nue d’inhabitude, sa patiente conquête des strates du vivant où le vivant s’échappe à soi : où chacun découvre ce point extrême, tremblant et hagard d’inconnaissance à soi-même et aux autres.

Pour marquer le 20è anniversaire de sa disparition, Ann Jefferson, Olivier Wagner, Rainier Rocchi et Johan Faerber organisent, les 17 et 18 octobre, à la BNF et à l’IEA/Hôtel de Lauzun, un Colloque international, « Sarraute : vingt ans après », reflétant les principaux courants actuels de la recherche sarrautienne. Diacritik, à cette occasion, consacre sa une du 16 octobre à Nathalie Sarraute.