Michèle Audin, mathématicienne, historienne, autrice, membre de l’Oulipo, spécialiste de la Commune, femme engagée et passionnée, fille de Maurice Audin, nous a quittés ce matin. En hommage, Diacritik republie un article sur son superbe Oublier Clémence, paru en 2018. Lire, relire Michèle Audin.
éditions L’Arbalète
En ces temps de confinement, où l’on ne voit de la ville que pans de murs ou rues désertes, emboîtons le pas à Didier Blonde dans Carnets d’adresse, qui nous propose de déambuler dans Paris, de quoi griffonner en main, à l’affût.
« Il n’y a rien d’inhumain dans une ville, sinon notre propre humanité » avançait Georges Perec dans Espèces d’espaces au cœur d’un questionnement plus inquiet qu’amusé sur l’espace urbain dont nous sommes faits. Nul doute que cette condition urbaine, ontologie profonde d’une modernité qui continue à se croire modernité, innerve avec force le beau et singulier nouveau roman d’Agnès Riva, Ville nouvelle qui vient de paraître à L’Arbalète chez Gallimard.
Véritable cristal de douleur contenue, De mémoire de Yamina Benahmed Daho constitue un des plus beaux romans de cette rentrée d’hiver. Après le remarquable Poule D, la romancière évoque ici, comme une parenthèse de langage dans les choses, la tentative de viol que subit la jeune Alya et la traîne de douleurs qui l’assaille dès lors chaque jour. C’est le temps d’un grand entretien que Diacritik a voulu revenir avec la jeune romancière sur ce récit à la puissance politique rare.
Écrire depuis l’énigme Clémence, une vie brève (1879-1901), minuscule et muette, celle d’une ouvrière, cantonnée aux marges de la grande histoire : tel est le creuset du récit de Michèle Audin, Oublier Clémence, déployant une archive, la seule trace d’une vie, cinq lignes factuelles d’un registre d’état civil.