Avec Celui qui veille, Louise Erdrich donne un roman fort qui balaie une époque et confirme l’autrice dans son rôle de chef de file d’une littérature américaine se tenant aux confins d’une production littéraire. C’est que la romancière a pris le parti de différentes minorités amérindiennes qui vivent dans un isolement marqué, relevant d’une certaine déréliction. Et pourtant l’isolement que connaît la vie tribale au nord du Dakota est loin d’être total et s’illustre même par une grande richesse de coutumes et de rites. C’est que nous sommes en 1953 et que la lutte pour le maintien de certaines traditions est intense, se transposant au plan politique avec beaucoup de vigueur.
éditions Albin Michel
Que l’on ne se méprenne pas avec le titre de ce livre : on n’y parle pas de la portion la plus pittoresque et la plus dangereuse du mythique sentier de grande randonnée GR 20 qui traverse la Corse du Nord au Sud, mais d’une métaphore de la vie politique en Corse, présente et future.
« Ce qu’il fallait faire, c’était un nouveau récit, une histoire nouvelle racontée à travers le prisme de notre lutte […] Ce n’était pas seulement notre histoire mais l’histoire du monde, transformée en arme pour servir nos nobles desseins […] S’ils avaient leurs champions, nous devions avoir les nôtres cachés quelque part ». Ta-Nehisi Coates, Une Colère noire – Lettre à mon fils
C’est bien à l’entrée dans l’histoire du difficile accès à la liberté d’une « championne » invisible que le roman de Colson Whitehead, Underground railroad, convie son lecteur ; un personnage, Cora, créé entre imagination et faits attestés. Si l’on a parfois quelques doutes sur l’attribution d’un prix littéraire, ce n’est pas le cas de ce roman qui, aux États-Unis, a reçu le National Book Award et le prix Pulitzer. En France il a été dans le Palmarès 2017 Le Point des 25 meilleurs livres de l’année et a reçu le prix du Meilleur roman étranger 2017 de Lire.