Ce doit être un de ces longs dimanche du mois de février. Pour tuer l’ennui, je m’appliquais à suivre l’actualité de la campagne présidentielle. Valérie Pécresse tenait l’un de ses premiers meetings. Incrédule, j’écoutais ses mots désincarnés, ses espérances inauthentiques, ses envolées obligées pour correspondre aux habitudes de la parole politique en ces circonstances. Son exposé a suscité une incrédulité générale tant ses propos contrastaient avec l’état réel dans lequel elle se trouvait. Sa raideur confondait avec l’effusion émotionnelle requise dans « ces moments-là ».

« Aujourd’hui, chacun l’aura compris, le caillou dans la chaussure, c’est la problématique du Covid. Malgré tous les dispositifs systémiques de veille sanitaire qui avaient été mis en place en temps et en heure, force est de constater que les signaux faibles de ce qui est peu à peu devenu une pandémie ont échappé à tous les contrôles.

Incisif, percutant et indispensable : tels sont les mots qui viennent à l’esprit à la lecture du Manifeste pour une psychiatrie artisanale d’Emmanuel Venet qui vient de paraître chez Verdier. Si on connaît Emmanuel Venet pour ses superbes Rien et Marcher droit, tourner en rond, on le sait aussi psychiatre et c’est à ce titre qu’il prend dans cet essai la parole pour dresser un impitoyable constat sur la politique publique de soins psychiatrique. Le pouvoir l’abandonne pour privilégier une psychiatrie industrielle, numérisable et inégalitaire. Diacritik est parti à la rencontre du psychiatre le temps d’un grand entretien autour de cet essai énergique, l’un des plus importants de cette année.