Bruits de langues : déjà dix ans !

Le festival Bruits de Langues, dont Diacritik est partenaire, va faire du raffut cette année et pour cause : déjà dix ans d’existence !
Ce festival est une boîte de Pandore : on y a enfermé tous les maux/mots de notre époque et il est désormais trop tard pour ne pas l’ouvrir : vont abonder les symptômes de notre société malade, des constats alarmants, mais aussi des idées novatrices, de joyeuses discussions… Les bruits de langues c’est un peu ça: le partage, les avis qui divergent et surtout une littérature qui avance, tâtonne, se cherche, s’expose…

Lundi 3 février : Vous avez dit féminisme ?

Il peut être délicat d’avoir des débats militants, nous pouvons parfois ne pas oser nous engager sur la voie de la politique par crainte de ne pas avoir assez d’arguments, de connaissances. Mais il n’est pas nécessaire que les idées passent par les mots, elles peuvent prendre d’autres formes qui sont tout aussi parlantes. L’emploi de l’image grâce à son caractère figuratif est un très bon moyen pour transmettre des idées.

Morgane Parisi et Chloé Wary en sont l’exemple parfait. Ces jeunes artistes pluridisciplinaires dénoncent l’inégalité homme/femme qu’elles illustrent à travers différents exemples dans leurs œuvres : la place des femmes dans le sport, dans les sociétés patriarcales ou encore dans la langue française. Le militantisme féministe n’est pas leur seul point commun. Ce qui les lie et avant tout, c’est l’image et son impact. La première innove les supports, traite l’image sous le prisme des sciences humaines qu’elle affectionne particulièrement. La deuxième fait témoigner la liberté, l’émancipation, la révolte des femmes. Leurs créations nous parlent des femmes, de leurs combats, de leurs passions, revendiquent leurs droits. Elles utilisent le graphisme pour évoquer ce qui devrait être acquis : l’égalité entre homme et femmes et c’est sous forme d’un dialogue qu’elles détailleront comment leurs procédés graphiques entrent au service du féminisme.

Dialogue entre Morgane Parisi et Chloé Wary à 17h, salle des actes
Morgane Parisi est actuellement résidente à la Maison des étudiant·es de Poitiers

Mardi 4 février : Vous avez dit bouleversant ?

Il arrive qu’un livre soit si prenant que lorsqu’on tourne la dernière page, on se retrouve surpris que ce soit déjà la fin. Il faut alors retourner dans la réalité, voir le temps fuir de nouveau et se dire que l’expérience fut beaucoup trop brève. On prend alors conscience que ce roman, on l’a lu d’une traite, sans pause, sans questionnements, simplement en ressentant, en partageant et en écoutant. Un tel livre, Alexandre Seurat a su le créer.

Avec Petit frère, il entremêle les temps, fait bouillonner les émotions. Grâce à une écriture intimiste, il frustre, attriste, révolte. Il ne parvient pas seulement à coucher la douleur sur le papier, il arrive aussi à la partager. Ce n’est pourtant pas une lecture laborieuse, compliquée ou douloureuse. C’est une lecture authentique au cours de laquelle on ressent, tout simplement.

Nous assistons, impuissants, à la chute d’un jeune homme auquel on aimerait tendre la main. On dévore les pages pour qu’il s’en sorte plus vite. On aspire la tristesse du narrateur pour que la solitude ne le détruise pas.

Coup de cœur de la rentrée littéraire pour les étudiant.es de Master 1 Livres et médiations, Petit frère est un véritable récit de vie.

Rencontre avec Alexandre Seurat à 16h, salle des actes

L’invitation d’Alexandre Seurat est le résultat d’un projet des Master 1 Livre et médiations (LiMés) avec Guénaël Boutouillet et Yann Dissez, médiateurs du livre sur une sélection des sorties littéraires de la rentrée 2019.

Mercredi  5 février : Vous avez dit déroutant ?

Il arrive que l’on trouve l’originalité dans ce qui paraîtrait à première vue le plus traditionnel.

On se souvient des contes connus qui ont bercé notre enfance, que ce soit dans des livres qu’on nous lisait ou sur l’écran de notre téléviseur. On se souvient moins en général des contes régionaux qui sont transmis le plus souvent à l’oral. Cette langue qu’on pourrait prendre à première écoute pour patois a un nom : le parlanjhe ou le poitevin saintongeais, en ce qui concerne nos invités.

Olivier pi Fanie, (pi c’est et en palanjhe), un joyeux duo vendéen, s’exerce depuis 20 ans à faire vivre contes et chansons du Bas-Poitou, dessinant ainsi le paysage de la Vendée d’antan, à coup de voix et d’instruments tout aussi insolites et merveilleux pour le public puisqu’ils incluent des passages en parlanjhe et l’utilisation d’instruments de musique de leur création, comme l’accordéon bidon créé à partir de matériaux de récupération. C’est une ambiance mêlant joie et attention, fous rires et poésie. Au-delà du spectacle qui fait chanter les cœurs et danser les corps, Olivier Pi Fanie réussissent avec brio le pari de continuer à faire vivre et connaître les chansons et contes de la Vendée.

Entre tradition et création avec Olivier Pi Fanie à 17h30, salle des actes. Musique, chants, contes et échange

Jeudi 6 février : Vous avez dit Brexit ?

Parfois des événements nous dépassent. On ne comprend pas ce qui nous arrive ou on en saisit trop tard la portée. Une partie des Britanniques en ont fait le constat cette dernière décennie. Quel fossé a-t-il pu se constituer entre la formation du premier gouvernement de coalition – considérée comme une victoire par la population – et le Brexit – qui lui porte à grands débats- mais qui pourtant arrive à grands pas.

« Comment en est-on arrivé là? » C’est la question que se pose Jonathan Coe à laquelle il va essayer de répondre tout du long de son roman Au cœur de l’Angleterre. Emportés malgré eux par le destin de la Nation, les personnages de Jonathan Coe retraceront les événements de la dernière décennie, tendant toujours entre rêveries brèves et désillusions finales. Jonathan Coe a reçu le prix du livre européen de 2019 pour ce roman qui se veut comme un cataplasme sur le cœur déchiré de sa belle Angleterre, qu’il ne faudra toutefois pas confondre avec la Grande-Bretagne.

Middle England avec Jonathan Coe à 18h, Amphi Agnès Varda

Nina Guyot et Benoït Martigny,
étudiant·es en Master 1 Livre et Médiation

Bruits de langues, 10e le programme complet :

Le festival est organisé et porté par l’association culture LL et le Master Livre et Médiation (LiMés)

Page facebook du festival – pour tout suivre en direct.
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