L’imitation minutieuse

Le journal d'Olivier Steiner © Christine Marcandier

Je suis dans une maison près de Neauphle. C’est dans une maison qu’on est seul, lol. Je vois que l’été a commencé, ici il arrive aussi mais comme filtré. Une chatte est grosse dans cette maison. Ma petite chérie. Elle va donner naissance, c’est imminent. On compte les heures, on touche le ventre, on caresse. Quatre, six Ti Papoutes ? On se demande. On les appelle les Ti Papoutes et on rit. Aucune mouche n’est venue mourir pour le moment. C’est juste de la vie qui tarde mais s’annonce. L’annonce faite à ma Liberty. A d’autres époques, dans d’autres endroits, d’autres Liberty ont donné des naissances. Je les connais bien. Mais j’ai oublié les morts. Pas oublié non, je les vois désormais comme des données universelles. C’est comme ça. États de fait, mystères, on dira comme on peut, c’est ainsi. Liberty cherche un endroit propice. Ce qui va lui arriver ne compte pas. Et pourtant, si. Tellement. Je suis amoureux. D’une idée, de quelqu’un, d’un par être. De lui, de dos. De lui sous la pluie dans les Météores. Il y a toujours des camions qui roulent sur la nationale entre Neauphle et Élancourt où je suis. J’imagine que de vieilles femmes sont dedans et qu’elles parlent, les parleuses. Elles parlent des bébés de Liberty. Elles leur donnent des noms.