Oui mais ça, c’était avent (3) : Feux Follets

Offrir des livres à Noël, c’est bien. Mais offrir des livres sur des livres, qui parlent de la lecture comme d’un geste intérieur parvenant à saisir le monde autrement, c’est encore mieux. Depuis un an, les Éditions du Feu Sacré ont lancé une collection indispensable : les Feux Follets.

Le principe de la collection est simple : un auteur contemporain, un livre dont il réinvestit le sens, un petit précis de lecture tour à tour intime, politique, poétique – dans tous les cas passionnants. On est loin de l’exercice scolaire du sinistre « profil », car il ne s’agit pas tant d’analyser les œuvres choisies que de les (re)découvrir par le prisme d’une lecture radicalement autre, comme si l’on s’aventurait à voyager en empruntant un corps étranger, à regarder à travers des yeux qui ne sont pas les nôtres, à penser en faisant un primordial pas de côté. Chacun de ces grands petits livres nous raconte ainsi une lecture, la réinvente et la décloisonne, nous en impose l’urgence et la nécessité avec passion, et finalement nous ouvre des horizons au bout de nos horizons. Pour chaque auteur, la lecture devient détonation à l’origine d’un big-bang au creux de soi, où le soi se réinvente et réinvente sa place dans la réalité. Aussi, c’est l’écriture qui se voit réinventée dans sa façon de livrer ce qui est au cœur de l’être, de celui qui, lisant et écrivant, marche en lui-même à la poursuite des mots qui l’ont forgé, transformé, miné – transcendé. Et nous, en lisant la lecture d’un autre, nous découvrons le livre autrement, nous ouvrons les yeux sur un monde que nous ignorions, nous poursuivons ces feux follets qui illuminent les mots à la façon des photophores – ils les incarnent et nous hantent.

Un beau cadeau consisterait à offrir les six livres de la collection actuellement disponibles. Un très beau cadeau : les six livres ainsi ceux qui les ont inspirés. Mais si on devait vraiment choisir, il faudrait commencer par Les Preuves de l’existence d’un homme d’Alain Jugnon, Messe Rouge d’Aurélien Lemant et Quatre Lettres d’un admirateur de Pierre Pigot. Pour quelle raison ? Mais, pardi, en toute subjectivité : parce que ceux-là parlent à mon cœur de lecteur.

Plus d’infos sur la Collection Les Feux Follets