En traduisant et publiant la poésie de Galina Rymbu, Marina Skalova et les éditions Vanloo permettent la découverte en France d’une œuvre enthousiasmante et forte. Réunissant des textes de 2016 à 2023, Tu es l’avenir propose non seulement un panorama de celle-ci mais surtout un ensemble dont la puissance et la qualité s’affirment à chaque page.
Ukraine
Samson Teofilovitch et Nadedja Trofimovna s’aiment, c’est une évidence dès leur première rencontre. Mais c’est bien la seule chose qui coule de source dans ce roman policier historique des plus rythmés, lorgnant vers les domaines du paranormal et de l’absurde.
Les mains de Marina, habitante de Kharkiv, qui a fui la guerre et est maintenant réfugiée en Allemagne. En juillet, elle est revenue à Kharkiv durant plusieurs jours pour régler quelques affaires et voir sa mère qui a refusé de quitter l’Ukraine.
Un homme d’Irpen, Alexeï, visite sa maison dont il ne reste rien après que la bombe l’a frappée. Seules les briques et les pièces en fer demeurent après l’incendie – quelque chose qui a survécu au feu. Le chien d’Alexeï est mort et gît dans la cour. Dans sa cave souterraine, il a trouvé plusieurs boîtes de chocolats et des pots de tomates.
Le jour de l’évacuation d’Irpen. Toutes les personnes, lors de l’évacuation, transportaient les objets les plus précieux pour elles. L’homme sur la photo évacue sa basse. La photo a été prise à travers une voiture couchée à l’envers sous le pont détruit.
Un homme en costume de loup se promène sur la place principale de Kiev, essayant de remonter le moral des gens, posant parfois pour une photo avec eux. Les sacs de sable, les mots HELP US. La photo est prise depuis le bâtiment du ministère du Commerce.
Un manuel scolaire, dans la rue, à côté d’une maison bombardée. L’exercice qui est écrit sur la page nous parle de la beauté de Kharkiv, une ville de constructions modernes et de parcs verdoyants.
J’ai fait cette photo dans une école endommagée : fenêtres cassées, murs en ruine. Les portes étaient ouvertes. Je me suis sentie dans une sorte de musée consacré aux horreurs de la guerre et de l’enfance qui l’a vue.

Évacuation d’habitants de la ville d’Irpen par un pont détruit par les bombes. Une vieille dame se déplace en s’appuyant sur son déambulateur, avec son chien, entourée de débris militaires.
F
enêtres d’un immeuble endommagé dans le nord de Saltovka, un quartier de Kharkiv qui a particulièrement souffert de l’agression russe. Beaucoup de chiens et de chats sont abandonnés et errent dans les pâtés de maisons de leur quartier natal. La dame qui vit toujours dans cet immeuble a recueilli plusieurs chiens errants et les nourrit pour ne pas qu’ils meurent de faim.
U
n homme montre un petit soldat en plastique de l’Armée rouge que j’ai trouvé dans la rue devant une maison démolie du centre-ville. Le refrain de la chanson bien connue est : « Mais de la taïga jusqu’aux mers britanniques, l’Armée rouge est la plus forte de toutes ! »
À l’intérieur d’un kindergarten abandonné. Fenêtres brisées par l’explosion qui a eu lieu dans le quartier. Contraste étrange avec les lits intacts et bien rangés des enfants, dont la vie a changé pour toujours.
C
e sont les jours où les habitants d’Irpen furent évacués. Les gens ont été conduits, parfois sous les balles, d’Irpen à Kiev dans de petits bus. Beaucoup de gens de la maison de retraite « Happy life », impuissants et épuisés, certains d’entre eux ne comprenant apparemment pas ce qui se passait. Puis, ils ont été transférés dans des bus plus grands et conduits à la gare de Kiev. La vieille dame sur la photo cache son visage en voyant les dommages et les carcasses brûlées dans les rues de Kiev.
Le verre brisé et brûlé de la fenêtre d’une maison où ma mère vivait quand elle était enfant. Gostomel est la ville où vivent des militaires, elle a donc été attaquée et durement bombardée dès les premiers jours de la guerre. Pourtant, les oiseaux qui volent derrière les fenêtres me donnent un signe d’espoir et peut-être un sentiment de soulagement.
Ce doit être un de ces longs dimanche du mois de février. Pour tuer l’ennui, je m’appliquais à suivre l’actualité de la campagne présidentielle. Valérie Pécresse tenait l’un de ses premiers meetings. Incrédule, j’écoutais ses mots désincarnés, ses espérances inauthentiques, ses envolées obligées pour correspondre aux habitudes de la parole politique en ces circonstances. Son exposé a suscité une incrédulité générale tant ses propos contrastaient avec l’état réel dans lequel elle se trouvait. Sa raideur confondait avec l’effusion émotionnelle requise dans « ces moments-là ».