Autofiction est un néologisme qui me séduisit. Il sentait le structuralisme, l’art contemporain, et puis les auteurs qui me marquaient écrivaient dans cette veine, disait-on. Mais, quelque chose me heurtait. Si j’appréciais que s’avouât la difficulté de se dire sans s’imaginer ou s’inventer – si, mieux, flottait l’idée qu’une vérité de soi eût la qualité d’un fantasme ou d’un fantôme, le mot « autofiction » ramenait l’intime à du fictif créé ex-nihilo.
Serge Doubrovsky
À l’initiative d’Isabelle Grell aura lieu ce samedi 10 juin à la Maison de la Poésie de Paris, à 19h, un hommage au père et au fils de l’autofiction récemment disparu : Serge Doubrovsky. Successivement viendront sur scène Camille Laurens, Tom Bishop, Yves Charnet, Yannick Kujawa, Laurent Herrou, Olivier Steiner, Mathieu Simonet, Christine de Camy et Isabelle Grell pour venir dire cette œuvre monstrueuse où la vie se donnait dans l’écriture et l’écriture dans la fiction de la vie.
« Voici un étrange monstre » : tels sont les mots, liminaires, et comme prophétiques d’œuvre, que Serge Doubrovsky citait de son bien-aimé Corneille pour venir présenter ses Autobiographiques et ainsi puiser chez le dramaturge baroque la formule de sa vie à vivre, de sa vie à écrire, de sa vie devenue monstre d’écriture.