Seul sur son chemin, chaque pas mesuré, Emmanuel Macron marche dans son nouveau costume de Président au milieu de la cour du Louvre. Un souverain maîtrise le temps : le défilé solitaire va durer quatre longues minutes, il se termine par un dernier petit geste de la main vers la foule avant de gagner la tribune et de prononcer le discours inaugural du premier quinquennat. Les experts commentent le « moment solennel », « la France des Rois », « des Capétiens », « de François Mitterrand ». Dans l’enthousiasme débridé, on concède que c’est bien sûr une mise en scène dont on admire l’efficacité : le décor est planté.
réforme des retraites
Là où nous en sommes, le C’est ainsi, par où l’ordre capitaliste se fait passer pour l’intérêt général, promet de finir comme la maison Usher : écroulé. Les joints imaginaires ont tous été grattés, la direction générale du corps social apparait pour ce qu’elle est : une furie d’exploitation qui nous tient en joue.
Monsieur le Président de la République,
« Tout commence par une interruption », dit le poète*. Et si, par un impossible dialogue, nous interrompions un moment l’ordre désastreux du monde, pour le rendre à la vraie vie ?
Sans doute le moment est-il inédit dans l’histoire de la Ve République pourtant riche en mouvements sociaux : après désormais plus de 50 jours de contestation sociale et de grève, 70% de Français plus que jamais hostiles au projet de loi, des conflits d’intérêt en pagaille, des millions de gens dans les rues et maintenant un avis assassin du Conseil d’Etat, macron n’a toujours pas retiré sa « réforme » des retraites.
Ce 5 décembre, chacun l’a comme murmuré en soi ou formulé à haute voix pour lui-même et pour les autres, pour toutes celles et tous ceux qui vont s’unir autour de lui ou à qui on s’unira : ça ne peut pas continuer ainsi. Ça ne peut plus durer. Ça doit finir.