Autofiction est un néologisme qui me séduisit. Il sentait le structuralisme, l’art contemporain, et puis les auteurs qui me marquaient écrivaient dans cette veine, disait-on. Mais, quelque chose me heurtait. Si j’appréciais que s’avouât la difficulté de se dire sans s’imaginer ou s’inventer – si, mieux, flottait l’idée qu’une vérité de soi eût la qualité d’un fantasme ou d’un fantôme, le mot « autofiction » ramenait l’intime à du fictif créé ex-nihilo.

Quel enfant lance le mode « Carrière » de Fifa (16, 17, 18, 19…) sur sa console chérie, et choisit d’incarner, pour les 200 prochaines heures de sa vie ludique… un gardien de but ?
Quel auteur se lance dans un roman d’inspiration footballistique ou dans la biofiction d’un footballeur, et ne préfère pas narrer le destin d’un Garrincha ou d’un George Best — on aura reconnu Éloge de l’esquive d’Olivier Guez (Grasset, 2014) et Le Cinquième Beatles de Vincent Duluc (Stock, 2014) — plutôt que celui d’un gardien de but ?