L’année 2016 étant terminée, il est à présent possible d’en faire un bilan cinématographique sous la forme du « top » auquel s’adonnent bon nombre de rédactions. Si l’exercice est critiquable — particulièrement lorsqu’il s’applique aux domaines culturels —, parce qu’il trie arbitrairement et hiérarchise, la contrainte qu’il présente recouvre néanmoins une vertu.
Gorge Cœur Ventre
Le film bouleversant de Maud Alpi relève d’une double catastrophe. D’abord, parce qu’il met en scène la catastrophique réification dont les vivants non-humains auront été les victimes sans nom et sans nombre. Ensuite, parce que catastrophe, en grec ancien, c’est aussi le nom du renversement.
La gorge serrée, le cœur triste, le ventre noué. Voilà les sentiments qui envahissent progressivement devant la projection du film de Maud Alpi, Gorge Cœur Ventre, ce titre semblant désigner en ces trois organes les cibles inéluctables de son discours. Dans un abattoir éclairé à la lumière de néons lugubres, des bœufs sont forcés et pressés de se diriger dans d’étroits couloirs dont l’issue débouche fatalement sur leur mise à mort. Ils tremblent, rechignent, hurlent. Un jeune homme est chargé de les y mener, accompagné de son chien.