À l’occasion de la parution de Vers la normativité queer, entretien avec Pierre Niedergang.
éditions Blast
Le livre de Pierre Niedergang est une réflexion concernant le rapport entre normes et queer. La réflexion semble devoir être rapide : si l’on a l’idée que le mouvement queer se définit par opposition aux normes dominantes et aliénantes de l’hétérocentrisme, on en déduit volontiers qu’il se définit contre la normalisation des corps et des esprits, qu’il est en soi rejet de toute norme. C’est ce raisonnement trop rapide, certainement faux, politiquement problématique, que Vers la normativité queer remet en cause.
Colza est un nom des champs, mais c’est son nom à la ville — son nom de gouine urbaine, de serial amoureuse « torréfiée de salive ». Échappée à son Gers natal, l’écrivaine de Colza se déshabille de son nom d’héroïne de Giraudoux pour se plonger dans une vie et une fête d’identités qui sont des produits de la ville. Alice Baylac a le génie des formules frappées à la diable comme les médailles de guerres subversives : « Le Gers — cette affaire de famille ».
Outrages, le premier roman de Tal Piterbraut-Merx, écrivain et chercheur en philosophie, frappe par son écriture singulière dont le cœur est le rapport entre le langage et le corps affecté. Comment écrire et comment dire ce qui frappe le corps, le dire à soi mais aussi aux autres ? Comment rendre compte des complexités de nos chairs situées dans des espaces sociaux complexes, de nos corps qui sont si dépendants et toujours en excès par rapport aux catégories qui les incarcèrent ? Et comment penser le processus infini de soin de ces corps scandaleux de sentir et de parler ?