Écrire sa critique sur le Procès Goldman après l’attaque du Hamas contre Israël, et c’est tout le sens que l’on souhaitait donner au film qui bascule. Dans ces conditions, la critique se doit – au-moins – d’être à la hauteur des enjeux qui lui ont été légués par les Lumières : émancipation des opprimés, construction d’une société du discours en contre-force, contrepoids, contre-tribunal au réel apocalyptique qui, sinon, englue tout. Reconquérir des droits sur le réel : voilà la mission de la critique. Au moyen de médiations artistiques en mesure de faire percevoir qu’est possible un autre réel que ce réel de bruit et de fureur qui envahit tout.

Sommes-nous entrées, entrés, dans l’ère Post-#Metoo ? Qu’est-ce c’est que « Post #Metoo ? » Ou encore : Existe-t-il des œuvres symptomatiques d’un après-coup à #Metoo ? Pour répondre en s’attardant à dessein sur le dernier film de Catherine Breillat – L’Eté dernier, tout un programme temporel dans ce titre… – il faut d’abord rappeler l’histoire proche qui a lieu sous l’égide de l’étendard #Metoo. Oui, le temps est venu pour un bilan provisoire sur ce que signifie que défendre pour toutes et tous le droit de vivre une vie épargnée de brutalités et de violences, vie sociale, vie ordinaire, vie professionnelle, familiale, mais aussi vie psychique et sexuelle.

Sapere Aude ! *
Kant, Qu’est-ce que les lumières ?
* Soyez courageux

Rarement, l’unanimité n’a été si grande concernant le diagnostic posé sur l’affaissement généralisé des discours de la gauche en mesure de construire un avenir vivable et aussi sur la montée concomitante, triomphante et arrogante, de l’extrême-droite qui semble métaboliser tout le champ politique, pour ou contre. Mais si cette nouvelle extrême-droite ne s’embarrasse pas de faire semblant de sublimer ses argumentaires ressassants, haineux, pour jouir tranquillement de l’adhésion d’un monde social, il est plus difficile pour nous (euphémisme) de s’accommoder du vide sidérant dans lequel nous nous trouvons comme soudainement plongés.