Discours terrassants I. XI à XXV

C’est le début vague, ça ressemble aussi au roman de Perec tout autant qu’un gribouillis ou un point de couture V c’est le calligramme des victoires qui volent aussi le sismographe régulier et l’encéphalogramme c’est mathématiquement impossible (V+V = X et non VV) c’est le tremblement les vaguelettes et le refus de la ligne droite c’est la queer volute du zig-zag

Tu donneras la lampe pour que se voient tes rides, la couleur de tes iris, la transparence de la peau vers les tempes : Tu vois qu’une pensée sur une page, ça fait peu. Une action dans la rue, ça fait peu. Mais si dans un premier temps tu relies la pensée de la page à l’action de la rue, cela commence à frémir (premier exercice : lire à voix haute la page, c’est déjà entrer en contact avec l’action).

Il y a le caractère inentamable des choses solides – qui sont multiples : cubisme éthique
formons cette NUIT un corps de membres continus une de salive

Résistance des matériaux
Tu dis cela pour éprouver la résistance
En fait caché sous le reste c’est ça en priorité triturer malaxer découper trouer. Faire des trous dans un cartons
Tu es la grande perforatrice ?
Tous les matériaux ont des résistances différentes et leur différence diffère selon les situations ainsi un doigt sur un carton c’est le doigt qui est coupé un carton sous l’eau c’est le carton qui est coulé une crosse de fusil sur une nuque sur l’occiput sur le front (on n’était pas là pour voir où le coup a porté précisément) le fusil n’a pas grand-chose alors que le crâne sera entamé la peau coupée, l’os fracturé

Quand tu écris c’est pour éprouver la résistance

La nuque de Rosa nous apprend qu’il faut aussi une résistance aux matériaux
Les objets ne sont pas neutres les choses sont chargées
Tu ne peux accepter les matériaux c’est pourquoi nécessairement le signe ≠

Si tu dis j’écris de la poésie parce que demain je suis mort tu dis je résiste à ma mort d’aujourd’hui dans les matériaux qui m’entourent

Un fou passe il n’est pas fou c’est qu’il ne résiste pas bien à la douleur
On les entasse on les sangle c’est du matériau

Mohini (elle n’a donné que son prénom) ne connaît pas son âge – « dans la cinquantaine », dit-elle, mal assurée. Comme chaque matin, elle était à pied d’œuvre dès 8 heures pour vendre ses légumes dans un quartier résidentiel du sud de Delhi. Elle passe toute la journée en extérieur, quel que soit le temps. « MON MARI EST MALADE, SI JE NE TRAVAILLE PAS, NOUS NE MANGEONS PAS. MEME PENDANT LA MOUSSON QUAND J’AI DE L’EAU JUSQU’AU GENOU, JE CONTINUE A TRAVAILLER. »

Il te regarde il demande qui aujourd’hui respecte l’homme en
général
qui en particulier
Tout ça n’a pas de nom, tout ça ne veut pas avoir de nom
Si tu terrasses, c’est pour ça
Protagoras mon amour

La nuit (debout) était nupesiale (tous Hugo)

(la grande poésie)

Vivent les mathématiques, vive la logique ! simultané au délire

Une bouteille de plastique plongée dans la mer met 350 ans pour
se décomposer
Un corps de Protagoras entièrement habillé avec idées,
constitutions de cités et tout le reste finalement diffus plus
longtemps
L’encre salée du libéralisme tient combien de temps encore ?
On a recours à des drones entre l’Allemagne et la Pologne et
entre les deux Irlandes pour acheminer les pilules, alors que la
fabrication de carton est en ce moment en train de terrasser le
livre de papier
TEMPS DE DÉCOMPOSITION DANS UN
ENVIRONNEMENT MARIN :
JOURNAUX 6 SEMAINES TROGNON DE POMME 2 MOIS boite en carton 2 mois tissu de laine 1 an sac plastique entre 10 et 20 ans bouteille en plastique 100 ans (plus que la boite de conserve qui elle tient 50 ans c’est surprenant) gants en coton d’1 à 5 mois, il y a des tableaux qui donnent toutes les durées de décomposition des matériaux ainsi le contreplaqué qui est quand même très moche prend 1 an, alors que le bois peint qui est plus beau se défibre en 13 ans mais il n’est pas précisé si c’est de la peinture à l’eau ou à l’huile ça manque un peu de précision mais de toute façon le tableau ne dit pas si dans l’eau salée ça va plus vite que dans l’eau potable on va vers les plus forts : 100 ans pour une bouteille en plastique, 300 pour une canette
Il y a aussi des tableaux qui donnent le temps de décomposition en environnement terrestre, le temps du terrassement une bouteille de verre 1 million d’années
Temps de décomposition de Rosa L. bien plus long que celui de VW (3 semaines) pour Protagoras on ne sait pas
Le riz lui a besoin d’au moins 100 mm d’eau par mois
Il a aussi un temps de cuisson, auquel doit s’ajouter le temps d’ébullition

Tu écris sur du papier de riz

TATARAK :
Mot polonais. Rosza en connait le sens. Jonc odorant. Famille du calamus, autrement dit roseau. On le trouve dans les cours d’eau ou les étangs. Wadja ami de Rosza en a fait un film. Ça a pu servir de stylo. Tatarak, ou acorus calamus est ornemental, odorant mais aussi vénéneux. Ils se trouvent mélangés aux queues de mares, à l’état sauvage
Essaimé la joie au sommet d’un roseau
et les plantes de Kew Gardens, de cette sorte
Spree longue de 400 km dont 182 sont navigables, ça fait largement assez de m3 pour noyer une révolutionnaire
L’Ouse est de 46 km
Les roses trémières prennent leurs racines dans la cendre de Monk House
Respires-en l’odorant souvenir c’est sa cendre
Suc pistils
WAVES mot anglais
PONTOS mot grec est-ce mieux que Thalassa (~~pour se noyer~~) ?

Il y a la grève et la rizière, toutes deux dans leur respectif terrassement
Il y a la poignée de riz amer et il y a la poignée de main (qui n’est pas affolé par les chants du film)
Il y a les cartons avec leurs slogans

Attacher les lacets des souliers de marche, avec un double nœud

dire à voix haute
dire à ton voisin
dire dans le mégaphone
réduire en slogan
garder en mémoire, toujours
les femmes risquent d’accoucher d’enfants mal venus, de monstres, mais ça continue.
Aujourd’hui, je vais commettre l’irréparable
les hommes risquent d’être frappés de stérilité, mais ça continue.
je reprends donc une revendication de ma fédération de syndicats
la pluie fait peur.
je vise un lieu politique
la nourriture fait peur.
RETRAITES
on jette la nourriture d’une ville entière.
mon dernier souhait, c’est aussi que mes camarades continuent de lutter pour en finir définitivement avec tout ça.
on enterre la nourriture de villes entières.
qu’on ne perde pas notre vie à la gagner
une ville entière se met en colère.
vive l’autogestion, vive la sécu
lire ou relire Rosa
pareil pour Virginia
des villes entières se mettent en colère
vive le socialisme
te regarder
et désolé pour l’épreuve que c’est
continuer à te regarder
t’écrire
au revoir
te voir
continuer