Oui mais ça, c’était avent (8) : Serge Clerc

Serge Clerc © éditions Dupuis

C’est la troisième fois depuis le début de la décennie que, pour les fêtes, on a l’occasion d’offrir, de s’offrir ou de se faire offrir une anthologie de Serge Clerc. Comme les phénomènes célestes qui ne se manifestent qu’une ou deux fois par siècles, ces publications sont trop rares pour ne pas y accorder toute l’attention requise. En la matière, les Intégrales éditées par Dupuis sont de véritables malles au trésor, épaisses comme on voudrait que le soient toutes les gourmandises, denses comme les forêts dans lesquelles on aime se perdre. Après un premier volume consacré à l’inénarrable Phil Perfect, un deuxième placé sous le signe du rock, une autre facette de Serge Clerc se dévoile dans cette dernière livraison : sa fascination pour la science-fiction, le serial, le pulp, le genre de prédilection que réinventa Métal Hurlant, revue à laquelle le dessinateur participa à peine sa vie de jeune adulte entamée. Et comme à chaque fois, c’est un intense bonheur d’inventivité narrative et graphique, drôle et virtuose, sombre et mélancolique lorsque c’est nécessaire – toujours pétillant d’intelligence. Le dessin s’invente de récit en récit, en une perpétuelle recherche de la ligne la plus juste, la plus dynamique, la plus totale. Quant au lecteur, qu’il ne s’y trompe pas : inutile de chercher la beauté en levant les yeux vers les étoiles – elle est ici.