L’eau et le feu ? – L’eau de l’estuaire (celui de la Loire) et le feu de la phrase (celle de l’auteur, remarquable par sa vivacité et sa plasticité, semblable à ces flammes dont le narrateur et sa compagne, au terme d’une longue marche, contemplent le fascinant mouvement dans l’âtre qui ronfle).
Michel Jullien
Michel Jullien est l’un de nos contemporains parmi les plus remarquables : c’est ce que vient encore prouver Andrea de dos, sans doute l’un de ses plus beaux romans, qui paraît ces jours-ci chez Verdier. Quelque part en Amérique du Sud, au cœur du monde lusitanien, deux sœurs, étudiantes, Ezia et Andrea se lancent dans un singulier pèlerinage votif pour espérer guérir leur mère malade : il s’agit de processionner en se tenant avec les autres fidèles à une corde. Et ne pas la lâcher dans cette foule qui ne cesse de s’agiter. Récit à la construction remarquable, diction à l’épure classique qui épouse le grotesque du monde et son désarroi, Andrea de dos se donne comme une pièce supplémentaire à une œuvre déjà conséquente. Autant de raisons pour Diacritik d’aller à la rencontre du romancier le temps d’un grand entretien.
Anti-sportif et anti-culturel : tels sont les deux qualificatifs qui viennent à l’esprit et que convoquent Michel Jullien pour évoquer ses très beaux Intervalles de Loire parus chez Verdier juste avant le confinement.
Qu’écrit-on lorsque l’on écrit ? Commence-t-on l’écriture à partir de soi ou de ce que le monde veut bien laisser en nous ? S’agit-il d’explorer par le verbe ce qui se dit d’intime en nous ou sommes-nous toujours déjà condamné aux puissances de l’extime ? Autant de questions que cette deuxième journée du Banquet du livre d’automne 2018, dont Diacritik est le partenaire, entend ouvrir et déployer à travers ses deux invités : Michel Jullien et Jean-Yves Laurichesse.