La rentrée littéraire, chaque année, ce n’est jamais en premier lieu une simple question de lettres. Ce sont tout d’abord des chiffres. Car, en France, on le sait, la rentrée littéraire est un événement ritualisé, un événement médiatique, un événement commercial qui, chaque année, fait du livre un événement symbolique : une manière de rite de passage. Au cœur de la Nation qui a inventé la notion de « Grand écrivain », il y a, chaque année, le frémissement de voir à la fois un écrivain que l’on suit depuis quelques livres subitement le devenir ou de découvrir qui, immédiatement, selon le conte médiatique, sera appelé à l’être.

Avec Jean-Luc et Jean-Claude, Laurence Potte-Bonneville s’impose comme l’une des plus belles révélations de cette rentrée littéraire. Publié chez Verdier, ce bref et joyeux récit nous livre à la compagnie des étonnants quinquagénaires Jean-Luc et Jean-Claude qui, un soir, ne pouvant valider leur grille de loto, décident de ne pas rentrer dans leur foyer et de partir à l’aventure pour trouver un autre PMU. Dans ce road movie en région, les deux personnages, entre Bouvard et Pécuchet ou Mercier et Camier, vont croiser des figures aussi hautes en couleur. Une telle écriture à l’écoute de l’étrangement du monde et de ses singularités sensibles ne pouvaient manquer d’ouvrir des questions que Diacritik est allé poser à la romancière le temps d’un grand entretien.