On se méfie toujours des livres posthumes : que va-t-on fouiller dans les tiroirs des morts – pour y dénicher quoi ? Alors nous regardons les œuvres posthumes qui prennent place dans nos bibliothèques : presque tout Kafka, Bouvard et Pécuchet, La Conjuration des imbéciles, l’Art de la joie, 2666. Est-ce que la littéraire serait moindre sans eux ? c’est certain. Mais les livres-sommes qui viennent conclure une œuvre sont moins nombreux que les récits de jeunesse, ouvrages inachevés, nouvelles non recueillies. Face à ces publications que le monde éditorial aime à remettre au goût du jour, deux sentiments sont possibles et souvent cohabitent : la réticence à l’idée de tirer sur la corde, la joie de revoir un instant un vieil ami.

« C’est alors qu’il découvrit le cirque. Il reconnut la tente rapiécée sur le pont de la gabare du courrier, au milieu d’un amoncellement d’objets de toutes couleurs. Il perdit de vue un instant l’employé des postes pour chercher les fauves parmi les caisses entassées sur les autres gabares. Il ne les trouva pas.