C’est l’événement éditorial de ce printemps : la réédition au Seuil du cours sur Le Neutre donné par Roland Barthes au Collège de France en 1978. Après une première édition du texte dans les années 2000, Eric Marty offre ici une édition définitive, riche et passionnante, où le propos de Barthes prend toute sa puissance, celle d’une parole qui revient dans son œuvre à son principe premier : le Neutre, qu’il réinterroge notamment sous le concept de « complexe ». Assorti de notes passionnantes, d’un avant-propos qui brosse la singularité d’une époque prête à tirer un trait sur les avant-gardes, ce cours est indispensable à qui entend se mêler de littérature et plus largement de sensible des textes. Autant de raisons pour Diacritik de partir à la rencontre d’Éric Marty afin de l’interroger sur ce dernier Barthes, au seuil d’une disparition bientôt mélancolique.
Eric Marty
Thomas Clerc dans le cadre du Festival de la littérature vivante, EXTRA! du Centre Pompidou, a donné chaque soir du 9 au 19 septembre un « toast » à un livre et un auteur qu’il aimait. Le vendredi 17 septembre, c’était mon tour pour mon Sexe des Modernes, Pensée du Neutre et théorie du genre. Un toast appelle une réponse, voici qu’elle fut la mienne après l’avoir entendu.
Sans doute le no man’s land est-il le lieu de l’absolue présence : désert en apparence et pourtant palimpseste tant il porte de strates et traces, tant il recèle de présences invisibles, tant il est ouvert à l’investissement fictionnel. Plus encore quand des photographies saisissent ces lieux et leur imposante nudité, comme celles de Jean-Jacques Gonzales dans le dernier livre d’Eric Marty : L’invasion du désert, récit qui est une « photofiction » comme l’explique l’écrivain dans un entretien avec Aurélie Foglia.
Faut-il situer un livre – un roman – au miroir d’une époque et de la séquence historique dans laquelle nous nous trouvons ? Sans doute toute œuvre doit-elle répondre de quelque chose. Mais de quoi ?