Dans le cadre du Marché de la poésie 2017, une rencontre réunissant Juliette Mézenc, Frank Smith et Jean-Philippe Cazier, et intitulée « L’émotion ne dit pas Je », était organisée le 13 juin à la bibliothèque Marguerite Audoux. L’entretien qui suit est la transcription des échanges qui ont eu lieu au cours de cette rencontre.

Jean-Philippe Cazier publie aux éditions Al Dante un livre déroutant, dès son titre, L’La phrase. L’. Déroutant non parce qu’il serait obscur ou étrange mais parce qu’il séduit, au sens étymologique de ce verbe, mène ailleurs, sur le chemin d’une langue qui se construit tout en s’énonçant, refusant tout sens figé, toute syntaxe absolue et butée.

La fenêtre demeure ouverte, le soir, lorsqu’il fait nuit. Des insectes entrent par la fenêtre, attirés par la lumière. Ou ils entrent par hasard, au hasard de leur déplacement nocturne. Au plafond il y a un insecte vert, d’un vert sombre, aux ailes transparentes. Il est posé au plafond. Ce qui est pour moi le plafond est pour lui le sol. Dans un autre coin du plafond il y a un autre insecte, plus gros, noir. Comme une sorte de mite, mais plus gros et noir. Il est posé là, il ne bouge pas. Je ne sais pas si les insectes parlent, s’ils se disent quelque chose les uns aux autres. Ou s’ils me parlent. Disent ou essaient de me dire quelque chose. J’entends leur silence. Je ne connais pas leur nom.