Les historiens ont tracé les grandes lignes et les moments-clefs de la décolonisation : c’était le propos des trois premiers épisodes du documentaire, « C’était la guerre d’Algérie » de Georges-Marc Benamou et de Benjamin Stora, diffusés le 14 mars 2022. Toutefois, ils s’attardent peu sur ce qu’on pourrait nommer les faits culturels et socio-littéraires. C’est pourtant leur manifestation qui témoigne de l’effervescence d’une société et de ses aspirations profondes, même s’ils sont à l’initiative d’avant-gardes.
Camus
« Pourquoi faut-il relire le roman ? (…) Lecture anxiogène en ces temps difficiles ? Pas tant que ça. La Peste offre surtout une réflexion profonde et humaniste sur les comportements adoptés par une société lorsqu’on restreint ses droits. Voici ce qu’il faut en savoir ». (Vogue, avril 2020)
Vogue est loin d’être seul magazine à sommer les lecteurs de lire La Peste, roman de 1947 : on notera les deux impératifs d’obligation du verbe falloir ! La formulation n’est pas une invitation à lire le roman dans sa complexité mais une obligation à le lire pour décrypter le présent.
Nos richesses de Kaouther Adimi n’est ni simplement le roman d’un lieu (Les vraies richesses, librairie d’Alger, 2 bis rue Hamani, ex rue Charras) ni tout à fait le récit imaginaire d’une vie (celle d’Edmond Charlot, fondateur du lieu, par ailleurs éditeur). C’est aussi la fresque d’un pays sur près d’un siècle, une narration polyphonique à la mesure de moments complexes, qu’il s’agisse de la fermeture annoncée d’un espace conçu comme une utopie ou de la chronique d’une résistance aux multiples visages.
Se laisser mourir pour permettre aux autres d’apprécier la valeur de la vie, voilà ce que prône le gouvernement dans lequel s’inscrit Ikigami : Préavis de mort, de Motorō Mase. Dans le futur proche d’un pays calqué sur le Japon moderne, est entrée en vigueur « La loi pour la prospérité nationale ». Derrière ce nom politiquement correct se cache le moteur vrombissant de la dystopie que Motorō Mase construit. Chaque enfant se voit injecter un sérum dont certains échantillons seulement sont contaminés et provoqueront la mort des plus malchanceux entre l’âge de 18 et 24 ans. Le gouvernement déclare que voir des vies s’arrêter réveille l’envie de vivre, sans preuves à l’appui ni que nous, lecteurs, connaissions clairement le contexte socio-politique dans lequel la loi a été acceptée.
Futurs bacheliers, futurs agrégés, férus de philosophie, oubliez vos dictionnaires, remisez vos encyclopédies universelles au savoir vieux de 3000 ans, rangez vos annales qui (à ce stade) sont devenues obsolètes, avec la parution de La Planète des sages, Encyclopédie mondiale des philosophes et des philosophies de Jul et Charles Pépin.