« À long terme, nous sommes tous morts. L’éternité, ici-bas, c’est trois générations » lançait de manière aussi cinglante que sciemment définitive, John Keynes pour toute réponse aux tenants des théories économiques classiques qui prétendaient sortir de la violente crise de 1929 par une solution s’échelonnant sur plusieurs décennies. Citée par Pierre Bergounioux dans son très bel Agir écrire à propos de la puissance américaine à synthétiser avec fulgurance de sa sève neuve ce que la pensée européenne, rampante, vieille et impuissantée de grimoires, avait peiné à dire des siècles durant, une telle formule qui fait du vivant la proie d’une irascible et insurmontable mort pourrait figurer comme le tutélaire exergue du magistral quatrième tome du Carnet de notes, à la funèbre beauté, du même Pierre Bergounioux, paru chez Verdier.
En effet, couvrant les toutes dernières années qui vont, jour après jour, du 1er janvier 2011 jusqu’aux derniers terribles jours tant intimes qu’extimes de 2015, ce provisoirement ultime tome du Carnet de notes, fort de 1210 riches pages, reprend l’entreprise patiente et quotidienne du Journal entamé en 1980. Mais elle se pare d’une coloration presque proustienne d’un bal des têtes ou tout du moins d’une couleur qui saurait être celle de la mélancolie et de la déchirure crépusculaire des morts qui viennent et hantent sa désormais vie. Car le ciel des pages de ce Journal ne connaît plus ici le changement des saisons. Il n’y a plus ici chez Bergounioux ni soleil, ni printemps, ni été. Indéfectiblement, le ciel de ce Carnet de notes est un ciel de novembre. Il est terriblement invariable. « Il fait gris » dit-il. Le sol en est gelé et le temps est terrible d’obscurité : « la pluie est revenue, hier, en soirée, et tombe du ciel gris » ou encore « Tout est noir, indistinct, au bas de la nuit. » Les pages ont beau égrener les jours, elles ne connaissent qu’une seule date sourde et tragique, celle qui déchire sans retour toutes les heures et tous les jours : la Toussaint. Dans le sillage sombre et résolu de La Toussaint ou encore de Miette, récits des recueillements, ce Carnet de notes ne parait s’écrire qu’à la date unique du 1er novembre tant la mort se livre là sans retenue, imparable et inéluctable, à chaque instant. S’y donne à lire, comme la conscience noire du temps, un grand livre des morts et des disparus qui, intempérant, court sur trois générations : l’éternité ici-bas, décidément.
De fait, à la manière d’un envers sombre de l’œuvre et de sa trame hantée de négativité, ce Journal s’affirme sans attendre comme un livre de raison des deuils qui tiendrait scrupuleusement compte, dans le détail aimant des jours et des forces qui quittent les hommes, du long et tortueux cheminement de la mort en chacun. Centrale et redoutée, il y a, tout d’abord, la mort de Mam, la mère de Bergounioux qui, depuis le début des Carnet de notes, accompagne l’homme de sa douce présence et de ses mots qui savent résonner dans l’écrivain et qui, ici, dès les premières pages, chemine lentement depuis son corps qui renonce. Elle est la mort qui déploie dans tout le volume l’épaisseur dramatique de la Fin qui vient et qui se tient comme l’indépassable horizon du volume et de la vie même en livrant au récit le rythme nu et secret des jours et de ses heures. Comme si ce Carnet de notes se tenait de manière paradoxale comme le prolongement de La Toussaint non pour regarder les disparus depuis leur passé mais pour, depuis le présent toujours en fuite, toujours déjà trace disparue de soi et de nous, livrer l’antichambre, l’histoire en marche, la genèse active d’une Toussaint où les vivants rejoindront les morts dans les places sans répit de la mémoire. Mam en devient presque comme la Déesse interdite. Depuis son corps défendant, elle ordonne sans le savoir un temps sans temps où seule sa vie, chancelante d’agonie, jette l’écriture de Bergounioux dans ce temps des morts qui, depuis toujours, lui appartient en propre. Car sans doute faudrait-il lire ce quatrième tome de Carnet de notes en lui donnant son air le plus grec et en le saisissant comme une lente et terrible nékuia, patient voyage au pays des morts où de la mère, il faut accompagner la mort et de la mère retrouver le visage à peine dérobé un jour de novembre 2015.
Ainsi, à l’instar pénétrant d’Ulysse descendant aux enfers au cœur du chant XI de L’Odyssée, Bergounioux trace son Journal comme la catabase aimante et stupéfaite de la mère qui meurt, place son écriture quotidienne et acharnée de toute la mesure du quotidien au chevet de cette mère qui irrésistiblement se dégrade, se défait progressivement pour finir par ne plus être. La mère est « gardée par Ninou » lorsqu’elle est encore en Corrèze. Puis insensiblement mais sûrement son état se dérobe à la santé : Mam « ne marchera plus. Trois possibilités : ou bien elle regagne son appartement mais ce sera avec la visite d’infirmières deux fois par jour et une garde de nuit, ou elle entre dans une maison de retraite médicalisée. » Elle s’installe alors près du fils, et son état suit son cours, Mam étant « fatiguée. Elle n’a pas pu marcher et s’endort aussitôt que je l’ai ramenée dans la chambre. » Jusqu’à la mort où Bergounioux « réalise progressivement l’étendue de (s)a perte, mesure la place infinie que Mam occupait dans (s)on cœur. » Si chaque jour s’écrit depuis le jour qui se lève, la nékuia de la mère et de ce tome donne, à rebours de la journée qui vient, la nuit et l’obscurité comme unique temps : Bergounioux ne dormant pas mais chassant, dans le jour devenu la nuit des morts, les moments où, dans ce rite mortuaire que sera l’écriture diariste, le moment de sa revenue et sa permanence au monde. Carnet de notes ouvre alors au temps d’une catabase nocturne par laquelle, terrible leçon, Bergounioux découvre malgré lui que la mère est devenue aussi mortelle que la ruralité et la Haute Corrèze de son enfance.
De fait, ce Carnet de notes poursuit par la catabase des êtres chers le grand récit de l’ombre entrepris depuis le premier mot par Bergounioux car sans doute n’est-il jamais question chez l’écrivain d’autre chose que de l’histoire de l’homme devenu ombre à lui-même, de sa ténuité dans le monde, de son épaisseur d’obscurité et du corps qui, irrésistiblement, se dérobe. Carnet de notes est ainsi le Journal d’un homme se sachant ombre, d’un homme qui sait que la vie est tenue d’ombre, qu’elle est emportée dans le destin spectral des jours, qu’il faut écrire pour tenir à la matérialité insensible et bientôt disparue de toute vie. Tout n’est qu’ombre comme si, d’une certaine manière, ces carnets de Bergounioux n’en finissaient décidément pas de jeter le Journal dans la défaisance de son propre temps : d’une date unique, d’une nuit qui ne se dit pas, le temps du Journal ne s’étend sans doute qu’en apparence sur des années. À la vérité, il ne dure, en dépit du temps, que quelques secondes, ces mêmes dernières secondes étendues démesurément dans l’écriture qu’évoquaient B-17 G, ces mêmes ultimes et terribles secondes qui précèdent la mort des jeunes gens du bombardier, où, comme il le dit dans le bref récit de B-17 G même à la façon d’une loi noire de l’existant, « nous-mêmes mesurons chaque jour l’étendue de ce qui sombre, l’ampleur de ce qui vient. » Le Journal serait cette autre demeure des ombres et du devenir.
À ce deuil premier qui sourdement innerve l’ensemble du Journal vient s’ajouter, tout aussi manifeste et quotidien, un autre livre de raison qui, dans le même mouvement d’attention et de scrupule du monde, ausculte le corps de l’écrivain lui-même. Chaque jour, sans faille, une fois le réveil autorisé, Pierre Bergounioux rapporte combien son corps résonne peu à peu d’une vieillesse qui, insensiblement ou violemment, s’insinue et s’installe en lui comme à la date du 22.5.2014 : « Je ne me lève qu’à sept heures. Pas d’amélioration. Chaque mouvement est susceptible de raviver la douleur. » Ou encore à la date du 21.7.2013 : « Debout à sept heures, mal remis des excès d’hier. J’ai peur d’éprouver, comme à deux jours d’ici, les atteintes de l’épuisement, les affres de l’oppression thoracique. » C’est enfin, et parmi tant d’autres jours où l’horreur de la douleur et de la maladie qui tient, par « un violent accès de tension » qui se dit. Le monde se traverse du malaise de soi à y respirer. Si elle sait être intellectuelle mais toujours à la discrète lisière de lectures faites et aussitôt extraites comme on collecte le monde pour littéralement le recueillir, l’écriture diariste de Bergounioux s’offre avant tout comme le Journal d’un corps, l’odyssée d’un corps qui avance en reculant comme chacun dans une vie qui se dérobe, comme si Bergounioux, passionné depuis un temps sans nombre par les insectes de la Haute Corrèze, se muait alors en attentif entomologiste de lui-même. Se donne là encore à n’en pas douter une puissance grecque et peut-être latine aussi bien d’un Journal qui sait être porté par la pratique de soi, l’occupation de soi, par le soin où le corps doit devenir l’objet nu d’une attention extrême à soi par laquelle il s’agit de s’occuper de soi, non avec évidence dans une posture égotiste mais, prolongeant un geste antique remis en lumière par Michel Foucault, celui du souci de soi. Dans le sillage notamment d’Epictète, écrire au quotidien, consigner combien « le cœur me fait mal » ou encore « Nous sortons marcher, avec Gaby », c’est se livrer à une écoute de soi par laquelle se soucier de soi s’offre comme le devoir premier, celui qui autorise, par ce privilège-devoir et ce don-obligation, à une liberté ouvrant au libre usage de soi-même, à la pleine mesure de soi, à la conscience ardente d’être au monde.
Sans répit, même si le monde se tient au creux de la parole, si notamment la présidentielle de 2012, les attentats du 7 janvier et du 13 novembre 2015 se livrent mais depuis l’orée de leur effacement et si de ces derniers Bergounioux en évoque « le fascisme vert », ce quatrième Carnet de notes s’attelle plus que jamais à cette grande tâche philosophique qui consiste, depuis les « suaves senteurs de verdure neuve » respirées lors d’une promenade, à trouver au quotidien ce temps de l’exercice physique sans excès aucun, de la tâche pratique, de l’activité de sculpture notamment qui consiste à clamer combien la conduite de soi comme principe moteur doit être au cœur de toute vie. C’est le cas notamment de la ritualisation de la promenade de l’après-midi qui, chez Bergounioux, se fait éminemment stoïcienne. Les Carnets de notes seraient plus que stoïciens, exprimant à tout prendre, par leur rigueur et leur infaillible régularité, un intense et nécessaire labeur de soi. Il note ainsi « Levé à six heures », « Il fait plus froid et il pleut. » ou encore « Il m’est venu une satiété de lire ». Par la répétition de ces parcimonieuses formules, qui sont l’expression de la mesure, Bergounioux introduit par l’écriture à une inexorable discipline du vivre. Sans trêve, il s’agit pour le diariste accomplir le haut souhait stoïcien d’être l’anachorète de soi-même car sans doute Bergounioux se tient parmi nous comme Marc-Aurèle hors de Rome.
Et peut-être faut-il voir dans ces notations de « Debout à six heures et demie » et « Il a plu, dans la nuit, le ciel de l’aube est dégagé et le jaune soleil d’hiver s’enfonce profondément dans la maison » l’expression la plus vive et la plus achevée de la Littérature elle-même, comme si le Journal n’était pas, ainsi que l’affirmait naguère Blanchot, le Dehors perdu et errant de l’écriture et de l’œuvre mais son cœur noir et intempérant, l’expression la plus accomplie de l’écriture en soi, où par soi, l’en-soi de l’écrire se dessine comme jamais. Loin d’être l’apostille égarée de la Littérature ou son bras mort et abandonné, le Journal s’impose chez Bergounioux non comme un infra-genre ou un hypo-genre littéraires mais, au contraire, comme le supra-genre et l’hyper-genre de la Littérature : son expression la plus absolue. De 1980 à 2015, des quatre tomes traversés de noms et de lieux, les carnets de Bergounioux disent à nul autre pareil combien la littérature offre ce que ni les sciences humaines ni la philosophie ne sauraient donner de l’homme à l’homme, à savoir la traque et la révélation de ce qui offre au vivant sa qualité à se multiplier en vies : le particulier. C’est à cette morale exigeante de l’écrire que voudrait éduquer avec douceur mais fermeté l’écriture diariste de Bergounioux, lui qui disait il y a peu dans Agir écrire que toute littérature se doit décidément d’oublier le général, se tient devant les hommes pour effondrer en eux toute ligne théorique qui ne serait que la crête lointaine et sèche des hommes et en aurait oublié jusqu’aux noms pour les rendre à des axiomes qui n’auraient plus dates ni visages dans le temps. Il faut écrire à hauteur d’homme : telle serait l’invincible loi qu’exhiberait le Journal de Bergounioux, la loi fondatrice de toute littérature.
Au-delà de tout ego qui, à l’évidence, n’intéresse guère l’écrivain, la pratique diariste de Bergounioux doit, à chaque page, à chaque instant, à chaque « gêne cardiaque tenace », convoquer l’éthos de l’homme, doit produire une nudité et une vérité morale de l’être qui écrit. Il faut être stoïcien mais il faut être aussi kantien pour Bergounioux. Il faut être traversé de la puissance de l’impératif catégorique, porter le livre de raison de son être au point culminant d’une morale pour les autres, d’une parole pour les autres, d’une parole qui, de soi, saurait faire maxime d’usage. Mais il faut être aussi bien faulknérien. Il faut être de la terre. Il faut savoir donner la mesure de l’exil paysan dans le temps et dans le monde. Il faut avoir la morale des temps qui se sont achevés sans nous et dont nous sommes les restes contrits. Il faut savoir combien la Littérature comme grande idole aveugle et sourde aux hommes doit être déparlée, combien il faut faire œuvre de contingence pour toucher comme Faulkner selon Bergounioux à ce qu’il nomme si justement, au cœur d’Agir écrire, comme « la problématique concrète de la vie ». Écrire, pour Bergounioux, s’offre alors dans l’envers le plus criant d’antithèse de ce que clamait là encore Blanchot du Journal, lorsqu’il en faisait la perte d’écriture, la perte d’œuvre : le moment où l’écriture ne servait de rien. Toute autre est la leçon, généreuse et attentive, de Bergounioux devant l’acte quotidien d’écrire : écrire ne s’offre jamais comme un verbe intransitif. L’intransitivité est toujours déjà l’impossibilité même d’écrire, son impasse infranchissable d’absolu. Écrire se donne, au contraire, comme le verbe toujours déjà promis à la transitivité, le verbe qui veut se saisir du vivant, qui veut rendre du monde son intime concrétude et son flux continu. Agir écrire certes mais tout aussi bien, dans le même souffle et épargné de virgule, pour dire en une formule les carnets de notes : Vivre écrire.
Au cœur d’un journal déchiré de chants funèbres, hantés des derniers instants de vie des êtres les plus chers et ceint d’un ciel couleur de Toussaint, Bergounioux offre autant de notations et de temps dans lesquels l’écriture veut se saisir du monde, veut s’accrocher à lui, veut le restituer depuis sa mécanique interne la plus irascible, désire entendre, au-delà des morts, la vie la plus nue. Quand il évoque ainsi, au quotidien, les « quartiers d’un demi-chevreuil » ramenés par Cathy son épouse, ou encore « quelques achats à la supérette avant de promener Mam », Bergounioux se fait décidément plus stoïcien que jamais ou bien plutôt touche ici à l’art peut-être premier du Journal, son expression la plus antique et pariétale, celle des tablettes de buis que l’on accrochait alors, dans Rome, à sa ceinture comme on tient le compte des travaux, des jours, des heures et des morts. Il faut entendre dans le cœur de la voix du diariste le souhait latin d’Apronenia Avitia, celui de consigner en autant de buxi le tout venant des jours comme si, de fait, Carnet de notes se tenait pour Bergounioux comme ces buxi, à savoir, comme les décrit, Quignard « ces tablettes particulières, faites de buis, sur lesquelles les Anciens notaient débits et crédits, naissances, désastres et morts. » Les Carnets de notes de Bergounioux sont des tablettes de buis, sont faits, à cette image, de « cette manière d’agenda, d’éphéméride, de pense-bête, de notes journalières » dont parle encore Quignard à propos de la patricienne, à cette différence majeure près ici que pour Bergounioux, la notation de ces sordissimes, de ce concret de la vie, de l’inutile et nécessaire, du contingent et de l’utile de la vie ténue et neuve de l’atome, s’effectue dans l’envers patricien, c’est-à-dire dans l’âpre et disciplinée vie de l’écrivain, celui, qui après Faulkner, a fait se détruire la caste de l’écriture, l’a jetée dans le quotidien et a fait recommencer la Littérature pour chacun, dans le plus grand nombre et pour le plus grand nombre, depuis l’exercice de la terre et de son étreinte répétée.
Si Bergounioux, dans chaque page du Carnet de notes, recommence la Littérature pour nous, c’est que son Journal voudrait s’offrir comme une seconde origine de la littérature, voudrait exhiber une grande image morale de la littérature pour faire entendre comme Barthes le disait naguère dans son Roland Barthes par Roland Barthes à propos des écrivains qui avaient pu l’influencer une grande musique de figures capable de libérer en celui qui lit « l’envie d’écrire » entendu comme genre à part entière que seule la Littérature est capable de susciter. Dans un retournement dialectique inouï mais proprement stoïcien que Foucault avait déjà perçu chez Marc-Aurèle, l’activité la plus solitaire des tablettes de buis et des pensées pour soi-même se renverse en un geste éminemment social et socialisant. Peut-être Carnet de notes se donnerait-il alors comme une méthode sociale tant il n’existe sans doute rien de plus socialisateur et démocratique, tourné vers le plus grand nombre que ce Journal de Bergounioux qui est la multitude parlante de l’homme aux hommes, le Journal où le style se donne certes comme une expérience mais où, d’une certaine manière, depuis soi, s’expérience la voix unanime du social et de la fraternité advenue.
On l’aura compris sans difficulté : il faut se précipiter sans attendre sur ce quatrième et magnifique tome du Carnet de notes de Bergounioux pour y trouver les chants ardents de la terre, des hommes et des jours, pour entendre à l’oreille nue de la littérature son grand accomplissement à la fois solitaire et social et comprendre que la littérature est notre grande tâche, celle toujours indéfiniment à recommencer. Car, peut-être comme personne, Pierre Bergounioux l’a compris, la littérature se transmet, elle court folle au cœur de tous les hommes : la littérature est un sentiment.
Pierre Bergounioux, Carnet de notes. Journal 2011-2015, Verdier, 1210 pages, 38 € — Lire un extrait