Un oratorio est une forme dramatico-musicale inventée au XVIIe siècle, exactement en même temps que l’opéra, comme une histoire sacrée, en général allégorique, destinée à servir de support à la méditation religieuse. Recevant progressivement un développement musical et poétique, l’oratorio ressemble de plus en plus aux représentations profanes contemporaines dont il a la même structure, à la réserve qu’il ne reçoit ni décorations, ni costumes. Aujourd’hui, les maisons d’opéra à l’affût de belles partitions aiment à s’emparer de ces œuvres pour en proposer de véritables représentations scéniques. C’est le cas ici, à l’Opéra national de Paris.

Au cours d’un entretien accordé à Diacritik, Hirokazu Kore-Eda reste ferme : « Je ne peux pas parler au nom du film ou en mon nom. Ce n’est pas à moi de donner une interprétation, c’est à vous de trouver la vôtre. » Et précisément, ce film, The Third Murder, ne nous facilite pas la tâche, ou plutôt nous missionne d’aller contre cela même que nous voyons.

Au commencement était la nuit. Une fois l’œil habitué à l’obscurité, il plonge dans la grande caverne de la « piste ». Au fond de la lande creusée, il aperçoit au loin les silhouettes souples et denses des chevaux qui respirent, s’ébrouent, méditent. Une brume s’élève, celle de l’aurore et des fumigènes. Ils sont tout seuls, entre eux, mais il y a des présences toutes petites, toutes noires, de lads et de serviteurs, et puis nous sommes bien là, tout autour d’eux. La lumière c’est le pâle reflet la lune et d’un projecteur. Il y a une odeur imprécise, à la fois forte, de purin, et parfumée d’encens. Bientôt le cri des oiseaux et des insectes, émis par les appeaux. Tout à l’heure, les vagues de la mer, posées tout au fond d’un petit tamis agité doucement.

A l’opposé du verrouillage de Tcherniakov, il y a la proposition démantibulée de Sivadier : faire un autre Don Giovanni, dans la mythique cour de l’Archevêché, et après avoir mis en scène l’année précédente le Dom Juan de Molière, dont l’influence est perceptible dans le livret de Da Ponte au travers rien moins que le personnage d’Elvira – mais dont tout l’aspect réflexif est prudemment éliminé.

On pourra dire à présent « la Carmen d’Aix-en-Provence », mais c’est bien celle de Bizet que nous a rendue le metteur en scène russe Dmitri Tcherniakov secondé par le chef Pablo Heras-Casado, le somptueux Orchestre de Paris, et des chanteurs exaltés, sortis essorés et heureux d’avoir eu à défendre cette proposition.
Il nous la rend parce que, dit-il, il n’y croyait pas.