Que vient-on chercher dans un journal ? Vaste question, à laquelle il est autant de réponses que d’auteurs. On n’y vient pas toujours pour les mêmes raisons et on n’en retire pas toujours les mêmes choses. Gageons qu’on cherche toujours quand même à y retrouver quelqu’un qu’on a déjà lu, qu’on a aimé lire. On vient au journal pour prolonger un compagnonnage, guidé par le fil d’Ariane de la fiction ou de la poésie – comme si le journal était un labyrinthe dont il ne s’agit pas de sortir mais de trouver le centre. On vient surtout à certains journaux et pas à d’autres, car certains semblent flotter légèrement au-dessus du niveau de la mer : le journal de Kafka, de Woolf, de Jules Renard, la correspondance d’un Flaubert.
éditions Ypsilon
Maintenant que la poésie nord-américaine s’est durablement inscrite dans notre paysage et que les traductions y prolifèrent comme des champignons après la pluie, quitte à mélanger comme il était prévisible le bon grain et l’ivraie, il est important que quelques livres radicaux viennent périodiquement nous rappeler la nature des enjeux qui avaient justifié en leur temps l’irruption d’un tel corpus dans notre propre tradition moderne et nous permettent au besoin d’en rectifier la relecture contemporaine.
Prologue : Maladie mélodie (en souvenir de Maurice Roche). Je fais rapidement le compte des ouvrages qui ont formé la matière des “papiers” que j’ai publiés ici-même en 2021 – de la toute première Constellation d’hiver à cette huitième et dernière d’automne – et j’obtiens 155, soit un multiple de 31.