Une rare splendeur : tels sont les mots qui viennent à l’esprit après avoir achevé la lecture du troublant premier roman de Sara Mychkine, De minuit à minuit qui vient de paraître au Bruit du Monde. La jeune romancière y raconte l’histoire tragique d’une femme perdue sur la colline du crack à Paris, qui écrit à sa fille et qui, dans sa lettre infinie, lui lance un appel désespéré.

Les choses que nous avons vues est le premier titre publié par la maison d’édition Le Bruit du monde, installée à Marseille. Comment ne pas voir dans son titre une forme de manifeste, dans tous les sens de ce terme ? La littérature est ce qui donne à voir, dévoile et souligne, elle est un écho du monde, une lecture de ses enjeux, tel sera donc le programme du Bruit du monde. Et quel livre pouvait mieux le figurer que celui de l’autrice néerlandaise Hanna Bervoets, pour la première fois traduite en français, par Noëlle Michel ? Ici, le monde dans son versant numérique, avec Kayleigh, ancienne modératrice de contenu, qui revient sur son expérience d’un travail précaire et traumatisant de nettoyeuse du web, une descente aux enfers qui dit tant de nos présents aussi violents qu’incertains.